On lit partout que courir est bon pour la santé et pour le moral, que c’est l’occasion de voyager ou de se faire des amis et que c’est une formidable échappatoire pour s’oublier. Qu’on se le dise : c’est faux. Voici pourquoi vous devez arrêter. Maintenant !
1/ Parce que tout le monde fait de la course à pied aujourd’hui.
Pourquoi se faire mal si cela ne sert même pas à se démarquer ? Même votre voisin xénophobe, antipathique et fan de motocross a déjà couru un marathon. Alors franchement, autant faire autre chose. Du curling par exemple. Voire du quidditch.
2/ Parce que vous avez forcément autre chose à faire le dimanche matin.
Mais si, cherchez bien. Grasse matinée ? Galipettes ? Les deux ? Vous pouvez aussi choisir de vous casser le ventre avec un bon brunch savouré à 10h du matin, vous verrez, c’est assez différent du gel de glucose avalé en coulant du nez sous la pluie.
3/ Parce que NON, vous ne trouverez pas l’amour en courant.
Et puis quoi encore ? Si un homme ou une femme est attiré(e) par les pansements sur les tétons, les poumpoum shorts et le bronzage agricole, fuyez, c’est un(e) fétichiste. Non pour choper, il vaut mieux faire du rugby et dire très fort en arrivant le lundi matin au boulot « pouah, qu’est-ce qu’on s’est mis ce week-end, j’en ai tassé des côtes ! ». Ou bien tout autre sport qui vous évite d’avoir le gabarit d’un Bâton de Berger.
4/ Parce que ça y est, vous êtes prêt pour l’école de kiné !
Votre longue expérience d’éclopé vous a permis d’acquérir un savoir insondable sur le corps humain : le fascia lata, la périostite tibiale ou encore l’aponévrosite plantaire n’ont plus de secret pour vous.
Vous pouvez aussi opter pour les urgences éventuellement avec un intérêt majeur : ranger le short de compression et les baskets pour une blouse blanche et des Croc’s. C’est carrément confort les Croc’s, et aux urgences vous avez le droit.
5/ Parce que ce n’est pas de votre âge.
Vous êtes trop vieux pour ces conneries. Ou alors vous êtes bien trop jeune pour vous enduire de pommade chauffante l’hiver et de crème anti-frottements l’été.
6/ Parce qu’il y en a marre de se justifier.
Allez, on vous l’a tous fait. C’est la tata qui vous demande si « franchement, ce n’est pas devenu une drogue ? » C’est la mamie qui dit que vous êtes fou et cherche à comprendre ce qui a pu vriller pour en arriver là. « Non mais franchement mon loupiot, 3 heures de route pour aller courir 80 kilomètres sous la pluie, tu ne t’aimes pas c’est ça ? Tu veux nous faire comprendre un truc ? » Terminé tout ça.
Vous ne serez même plus forcé de refuser une pinte deux jours avant votre marathon. Celui que vous préparez depuis trois mois et pour lequel vous allez devoir trouver une excuse à l’arrivée quand vous aurez terminé comme un zombie, à une heure de votre objectif et tout au bout de votre vie.
7/ Parce que franchement, ça coûte un bras.
Un dossard à plus de 100 euros pour un marathon ? Non mais franchement, vous m’avez pris pour un jambon ? C’est très cher pour se faire mal 42 kilomètres, entouré par 50.000 coureurs dont une moitié en vêtements bien trop moulants, et avec pour seul réconfort des quartiers d’orange et de la poudre Isotonique machin chose.
Ajoutez à cela la montre qui fait tout à votre place -surtout vider vos poches- les chaussures plus légères, plus amorties, plus souples, plus chères –surtout plus chères- et vous voilà forcé de vendre un rein pour courir un marathon.
Avouez le, c’est un sacrifice déraisonnable pour le seul plaisir de mettre une photo sur Facebook avec écrit sobrement : « Yesssss, finisher, quel pied » alors que vous êtes cuit et complètement fauché.
8 / Parce que si vous n’arrêtez pas, comment voulez-vous que je gagne une course ?
J’ai bon espoir avec cet article de pousser à la retraite tous ceux qui courent plus vite que moi. Qu’ils fassent autre chose, comme de la flûte de pan ou du scrapbooking. Si cela me permet de gagner le panier garni à leur place dimanche prochain, alors Amen.