Le 14 juillet dernier, un homme tuait 86 femmes, hommes et enfants sur la promenade des anglais à Nice lors d’un terrible attentat. Peut-on rire, se promener, et courir aujourd’hui là où s’est déroulé ce drame ?
C’est une question qui m’a longtemps taraudé durant mon trajet en train jusqu’à Nice. Moi qui ne suis pas du coin, qui ne connaissais pas la ville jusqu’à ce jour, pouvais-je aller visiter la Promenade des Anglais en courant comme je le fais dans n’importe quel lieu emblématique des villes dans lesquelles je suis envoyé pour mon travail ?
La Promenade des Anglais est un lieu incontournable à Nice, qu’on l’aime ou pas. Elle l’était pour de bonnes raisons avant l’attentat du 14 juillet dernier, elle l’est de façon malheureuse depuis, puisque c’est aussi devenu un lieu de recueillement. Aussi, mais pas seulement.
Pavé de doutes mais désireux d’aller voir de moi-même, j’ai donc enfilé mon short, un peu gêné, sans bien savoir ce que j’allais y trouver et ressentir, un peu plus de 6 mois après ce drame qui a bouleversé tout le pays et traumatisé la ville.
Un lieu de vie malgré tout
J’y suis allé avec la boule au ventre, et cela n’a rien d’une image, c’était physique. Mais j’ai rapidement respiré. Il y a l’émotion, le coup de massue quand on se remet en tête les terribles images matraquées par la télé au moment des faits.
Mais il y a surtout la réalité que j’ai trouvé belle : des gens marchaient, riaient, promenaient leur chien, faisaient des selfies même, et beaucoup couraient. Finalement la vie a repris son cours sur la Prom’, d’aucuns pourraient trouver cela indécent, il me semble pourtant que c’est nécessaire.
J’ai donc couru en y pensant fort, puis la course a fait son effet et j’ai pleinement profité de ce moment, j’ai humé l’odeur de la mer et j’ai rendu quelques sourires. Il y a bien les hommes en uniforme et leur FAMAS ici ou là, et je ne m’y habituerai jamais – je crois d’ailleurs qu’il ne le faut pas – mais allez, concentre toi sur ta foulée.
Ne surtout pas s’interdire de courir
Nos envies, nos passions, notre vie finalement, ne doivent surtout pas s’en trouver bouleversées puisque ce serait accorder à quelques fous ce qu’ils tentent de nous imposer.
Bien évidemment, je ne pourrai jamais courir sur cette Promenade des Anglais sans penser aux victimes, parce que ça aurait pu être vous, parce que ça aurait pu être moi, parce que je suis papa aussi.
Mais je continuerai de galoper sur la prom’ comme je suis retourné danser au Bataclan il y a peu. Parce qu’il le faut mais surtout parce que j’en ai envie.
Parce que la course à pied m’aide à être en paix et qu’ils voudraient m’en empêcher.
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