Contrairement à la natation ou au cyclisme qui sont des sports portés, la course à pied est l’une des activités sportives les plus traumatisantes. A chaque foulée les contraintes mécaniques sont multipliées par 3 de par l’attaque du talon sur le sol et ce sont de petites surfaces articulaires comme le genou et la cheville qui absorbent ces chocs à répétition. Un athlète de 70 kg supporte à chaque appui un poids de 210 kg !!! Imaginez les contraintes sur l’organisme au bout de 42,195 km !!!
C’est pourquoi beaucoup d’entre nous souffrons de micro-traumatismes qui peuvent à la longue aboutir à de véritables pathologies.
Les différentes lésions peuvent être localisées au niveau des tissus osseux, articulaires, musculaires ou tendineux. Nombre de pathologies se terminent par –ite. Ce suffixe signifie qu’il s’agit d’un syndrome inflammatoire (tendinite : inflammation du tendon ; aponévrosite : inflammation d’une aponévrose…)
Les traumatismes se situent essentiellement au niveau des membres inférieurs avec plus rarement des lésions du bassin et du rachis lombaire.
Voici donc les principales pathologies que l’on retrouve chez le coureur :
La hanche : tendinite du moyen fessier (situé face latérale de la hanche).
La cuisse : contracture du quadriceps (muscles de la face antérieure de la cuisse) ; crampes, contractures, élongations, déchirures musculaires des ischio-jambiers (muscles de la face postérieure de la cuisse).
Le genou : tendinite du tendon quadricipital, tendinite de la patte d’oie (tendon commun de trois muscles : muscle gracile ou droit interne, le muscle semi-tendineux, le muscle couturier) ce tendon s’insère à la face interne du tibia juste en dessous de la rotule, tendinite du tenseur du fascia-lata ou syndrome de la bandelette ilio-tibiale ou syndrome de l’essuie –glace ( on la nomme ainsi car comme les va-et-vient de l’essuie- glace sur le pare brise le tendon du fascia-lata réalise également des allers retours suite aux mouvements de flexion/extension du genou .Ce qui entraîne une inflammation du tendon au niveau d’un relief osseux (tubercule de l’épicondyle latéral du fémur).
Le tibia : la périostite tibiale
La cheville : entorse du ligament latéral externe (90 % des entorses), entorse du ligament latéral interne, ténosynovite (inflammation de la gaine du tendon) du jambier antérieur ou du jambier postérieur.
Le tendon d’achille : en fonction de la localisation anatomique de la lésion différentes pathologies sont possibles, lésion au niveau de l’attache du tendon sur l’os (téno-périostite), lésion au niveau de la jonction tendon/muscle (myotendinite), lésion au niveau de la bourse séreuse (bursite), lésion du tendon (tendinose), lésion de la gaine du tendon (ténosynovite). Ce dernier exemple du tendon d’achille explique l’importance du diagnostic afin de cibler au mieux le traitement.
Le pied : fracture de fatigue souvent du à une surcharge d’entrainement, inflammation de l’aponévrose plantaire (aponévrosite).
La kinésithérapie peut donc être bénéfique à différents stades de notre pratique.
Tout d’abord dans un but préventif :
La pratique régulière de la course à pied entraîne de par la répétition des chocs sur le sol des déséquilibres au niveau du corps qui peuvent être levées par des séances de kinésithérapie. Nos plus grands champions se rendent 2 à 3 fois par semaine chez leur kiné afin de libérer leur organisme des tensions accumulées lors des séances d’entrainement. Le praticien soulage le coureur par des séances de massages décontracturants pour les muscles, des massages transversaux profonds pour les tendons, des étirements, des techniques de mobilisation douce ainsi que des séances de physiothérapie (science qui utilise les moyens physiques comme l’eau, la chaleur, le froid, les ondes électromagnétiques, l’électricité …) : électrothérapie, drainage, cryothérapie (traitement par le froid).
Malheureusement parfois les douleurs s’installent et deviennent chroniques, le traitement se veut donc curatif. Le coureur doit alors se rendre chez son médecin traitant afin qu’un diagnostic précis soit établi.
Le kinésithérapeute quant à lui diminue dans un premier temps la douleur ainsi que l’inflammation par différents procédés : massage décontracturant, massage transversal, drainage, étirements crochetage, mobilisation spécifique… mais aussi à l’aide de physiothérapie: cryothérapie, ultra son, ondes de chocs, électrothérapie…
Ensuite une fois la douleur disparue le kiné réalise des exercices de gainage, de renforcement musculaires ainsi que de proprioception : c’est la capacité du corps à connaître la position dans l’espace de ses différents segments osseux grâce a des récepteurs (propriocepteurs) situés au niveau des tissus mous (tendons, ligaments, muscles, fascias …) afin d’éviter les récidives.
La kinésithérapie accompagne donc l’athlète à tous les niveaux de sa pratique.
Le coureur doit cependant rester en permanence à l’écoute de son corps. Les coureurs que je côtoie et moi-même avons tous lors d’une saison des douleurs qui apparaissent. La difficulté est de trouver le juste équilibre entre des douleurs dites « normales » inhérentes à notre pratique et des douleurs plus aigues dites « pathologiques » qui peuvent nous obliger à stopper notre activité.
N’oublions surtout pas que le meilleur des traitements en cas de douleurs reste le repos ….
Vincent Lemoine
Kinésithérapeute
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