La course à pied n’est pas forcément un sport individuel. Pourquoi ne pas courir pour les autres en étant meneur d’allure ? Une expérience à vivre absolument.
Mes objectifs chronométriques remplis depuis maintenant plusieurs mois, sur 10K, semi-marathon et marathon, je n’avais plus de challenge pour terminer l’année. Je n’ai pas assez confiance en moi pour chercher à faire mieux dans l’immédiat et j’ai envie de prendre mon temps pour conserver le plaisir.
Pour autant, je n’ai pas renoncé à m’aligner sur les courses chaque week-end pour retrouver ma petite bande d’amis et rencontrer d’autres passionnés qui m’inspirent toujours plus dans ma pratique.
Tout commence par une rencontre
En l’occurrence, je croise régulièrement un certain Jean-Yves, bien connu des pelotons du Nord Pas-de-Calais. Un passionné qui a consacré sa carrière à la défense des intérêts de la France et qui n’est jamais avare d’anecdotes que je n’oserai pas répéter ici. Sachez juste que depuis notre rencontre, j’ai le code de la bombe et j’ai appris à zigouiller un adversaire qui chercherait à me doubler en moins de temps qu’il n’en faut à Usain Bolt pour terminer un 100m. Les renseignements généraux ont enrichi ma petite fiche personnelle et mon téléphone est sur écoute (je préviens pour les amiEs).
Grâce à Jean-Yves, qui a fait appel à ses relations à la DGSE, j’ai eu l’opportunité de vivre une expérience différente : devenir meneur d’allure sur une course.
Je n’avais pas très envie de participer au semi-marathon de Lille, mais c’est à cette occasion pourtant que j’ai pu enfiler le costume de meneur d’allure. L’intérêt était tout trouvé : courir avec et pour les autres.
Meneur d’allure : une autre manière de courir
L’idée d’aider des concurrents à aller au bout d’eux-mêmes et d’être leur métronome pour atteindre un chrono symbolique pour eux m’enthousiasmait beaucoup. La course à pied que je pratique tellement souvent de façon introspective se muant ainsi en un véritable sport collectif.
J’étais encadré par le club de l’US Marquette qui propose des meneurs d’allure dans la région au bénéfice d’une association : l’Association Athina Ichtyose Monaco, qui agit pour les enfants atteints d’ichtyoses, maladies dermatologiques qui touchent un nouveau-né sur 300 000 et qui nécessitent des soins de la peau et des yeux, un traitement, et un suivi (médecin, kiné…).
Pour ma part, je devais couvrir la distance en 1h50 et j’avais un binôme : mon ami Jean-Yves. Si j’avais ma montre et ma capacité à tenir cette allure sans problème, Jean-Yves avait préparé le timing parfait avec tous les temps de passage au kilomètre et à la seconde près.
Semi-marathon de Lille : objectif 1h50
Après avoir enfilé l’équipement adéquat, c’est-à-dire le t-shirt de l’association, la flamme indiquant l’allure et le sac qui la contenait, nous nous sommes rendus au départ où nous étions placés juste derrière le sas élites. C’était très impressionnant de voir au plus près les athlètes qui allaient se disputer les toutes premières places, leur niveau d’affûtage, leur concentration…
Cela a tout de même suscité mon inquiétude. En effet, vu comme le peloton était resserré cela signifiait que nous allions être emportés par la tête de course à allure très soutenue et que les concurrents placés en queue de peloton allaient devoir faire de gros efforts pour nous rattraper.
C’est effectivement ce qui s’est passé. Une fois le départ donné, nous avons été un peu bousculés par des concurrents plus ambitieux et ma montre indiquait à ce moment là une allure moyenne bien au-dessus de mon propre record personnel. A ce propos, j’imagine que cela peut intéresser, j’ai couru la distance au mieux en 1h29 cette année. J’ai donc une marge de 20mn par rapport à l’objectif du jour, ce qui s’avèrera assez confortable.
Nous avons tenté de réduire la vitesse progressivement. Il a quand même fallu 6 à 10km pour que certains coureurs puissent nous rejoindre. Il faut dire que 6000 coureurs, c’est assez imposant même dans les plus larges avenues de Lille. Des coureurs nous doublaient en pensant que nous menions l’allure 1h40. Quelques-uns n’étaient d’ailleurs pas contents, nous cherchions alors à les rassurer en leur disant de ne pas paniquer, qu’eux étaient sur le bon tempo. A partir du KM10, nous conservions avec Jean-Yves une marge de 30 secondes environ à chaque temps de passage. Mais 30 secondes, c’est très vite perdu notamment aux ravitaillements.
Des échanges et l’œil sur le chronomètre
C’était très agréable et assez gratifiant d’avoir un groupe de coureurs qui s’accroche derrière nous. Nous avons fait de notre mieux pour distribuer les vannes, la bonne humeur, quelques chants, des encouragements et des discussions plus ou moins nourries. C’était aussi plaisant d’être entouré d’amis qui eux avaient la possibilité de nous repérer parmi les 6000 concurrents.
Au KM15, nous avons perdu quelques soldats dans la bataille (nous en avons récupéré d’autres qui s’étaient brûlés les ailes un peu plus tôt devant nous), il fallait s’y attendre. J’ai expliqué à notre bande qu’il fallait être concentré pour le passage entre les KM17 et KM18 qui est assez difficile sur cette épreuve, que nous finirions les deux derniers kilomètres comme nous le pourrions mais que ce serait les plus beaux, avec les pavés, le centre-ville, le public…
A deux reprises nous avons senti que nous perdions notre marge mais l’ajustement se faisait dans la foulée.
A 1km de l’arrivée, j’ai exhorté les nôtres de tout donner, l’objectif était de toute façon assuré, ils pouvaient ainsi s’offrir un beau finish, tandis que Jean-Yves et moi finissions tranquillement notre mission en 1h49 temps officiel (celui qui compte), soit avec une minute d’avance.
Désolé pour les coureurs qui n’ont jamais pu nous rattraper. L’organisation aurait mieux fait de nous placer dans le peloton. Merci à ceux qui ont eu un mot sympa à l’arrivée, j’ai été heureux de vivre cette expérience et il me tarde d’en avoir l’opportunité à nouveau.
N’hésitez pas si on vous le propose !
Daddy
Team UR
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