Compte-rendu de la Course des Terrils

sauvage_raismes

Pour la première fois, j’ai couru sur les terrils de Raismes… Un trail de 25km doucement baptisé La Sauvage. 4 terrils à franchir dont 2 à flanc de colline. Une découverte pour moi car je n’ai jamais eu l’occasion de courir sur ces formes coniques caractéristiques du Bassin Minier.

Si vous lisez mes péripéties sur la Terre des 2 Caps, vous saurez que j’ai décidé de me frotter à des distances plus courtes afin de tenter de me perfectionner et d’acquérir les bases qu’il me manque en trail. Vous qui me connaissez, je sais ce que vous pensez : que la tâche risque d’être à peu près aussi dure que celle de trouver une place dans le SAS 4h00 à 5mn du départ du Marathon de Paname. Ok.

Mais ne sous-estimez jamais la volonté du gnome à casquette dopée par la possibilité d’échapper au banquet familial du dimanche où il faut inlassablement affronter les idées reçues autour de la course à pied (en plus du succulent repas qui ne se refuse pas même quand il est servi trois fois).

C’est dans cette optique que j’ai participé le week-end dernier à la Course des Terrils.

Mon récit de la Course des Terrils

Il fait beau, l’environnement est boisé, je suis fatigué mais une promenade sur un nouveau terrain de jeu me fera le plus grand bien. Mon ambition, m’habituer progressivement à courir sur des chemins un peu plus escarpés.

Au dessus de mon épaule, un petit diable m’informe qu’en dehors des terrils, le parcours est roulant, qu’il y a moyen de “bien s’arracher”. En l’occurrence, le petit diable est en chair et en os et il s’appelle Stéphane. Il est ambitieux et rapide. Mais je ne céderai pas aux pulsions de routard. J’irai à mon rythme.

Stéphane m’emmène avec lui. Mais c’est promis, j’irai à mon rythme. Nous nous frayons un chemin parmi les coureurs pour être placés à l’avant et sur la droite car mon comparse a repéré que le premier virage était à droite. Mais promis, j’irai à mon rythme. Je le préviens “Bonne course, j’irai à mon rythme”. Le départ est donné, et…je suis devant Stéphane…

Pendant près de 2km je vais trop vite. Ce n’est pas une promenade. Puis on arrive au premier terril, un grand mur qui répond au doux nom de Sabatier Sud. Pas la peine d’espérer un chemin qui serpenterait pour arriver jusqu’au sommet. Non, ici, c’est à flanc de terril. On fait ce qu’on peut pour ne pas tomber en arrière, on s’aide des mains, du short du voisin, on glisse, on transpire, on s’essuie le front, on se salit. A ce stade je comprendrais tout à fait que vous me traitiez de traileur maniéré. J’arrive là-haut et Stéphane est déjà loin. Je décide d’essayer de me détendre et je me retourne pour prendre quelques photos. On se fiche du chrono.

Je récupère pendant 2km avant de devoir me farcir un deuxième terril, un peu plus difficile : Sabatier 2. Des virages en lacets pour attaquer celui-ci. J’imagine les autres concurrents en train de se moquer de moi en se disant “Lui, c’est un routard, qu’est-ce qu’il fait là”. J’observe que je double sur plat celles et ceux qui me doublent dans les montées. On se contentera de ça aujourd’hui. Puis troisième terril : Rousseau. Je suis aux fraises. Et surtout je guette les ravitos, l’organisateur les annonçant tous les 5km. Je n’ai pas pris d’eau.

Km9, on entame une longue portion plate dans la forêt mais le chemin est boueux, si bien qu’on passe entre les arbres où le sol est plus dur. On court en file indienne. Je sens mes pulsions rejaillir et j’ai envie de doubler. Alors j’inspecte les trajectoires même si je n’ai pas mis mes lunettes.

Raismes_haut

La chute, comme si j’avais besoin de ça…

KM11, c’est à ce moment précis que je vais croiser la route d’une racine d’arbre. Je fais un vol plané formidable côté boue mais heurte une grosse pierre au niveau du pubis. J’ai eu de la chance me direz-vous, mais avec le choc j’ai du mal à localiser ma douleur. Je marche en m’éfforçant de répondre aux autres que tout va bien. Mais soyons clairs : je n’ai pas envie de parler.

Je marche pendant un petit kilomètre, pas sûr d’être capable d’aller au bout.

Je trottine et après une trentaine de mètres je tombe à nouveau. La décision est prise, je vais faire demi-tour. Mais à mi-parcours, faire demi-tour n’est pas la décision la plus pertinente. Je verrai bien au ravito. Mais il est où ce ravito au fait ? Je vocifère. Je repars à un rythme tranquille, sans essouflement. Et le ravito arrive enfin…KM15 ! L’organisateur aurait du préciser que c’était un ravito tous les 5km à partir du KM15. Ça peste un peu sur les bénévoles qui n’y peuvent rien.

Encore 10km. J’en ai marre alors je prends le temps de boire et manger. Je croise le regard d’un type que je connais de vue, je lui parle mais il ne me répond pas à cause de ses écouteurs. Pendant les kilomètres suivants (et un ravito au KM17 ??!!??), je me suis mis une pression débile pour ne pas qu’il me double. Comme si ma course n’était pas assez pourrie.

On s’est suivi. J’avais presque le sentiment qu’il cherchait à me cueillir au dernier moment. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait sur la dernière montée, le Mont des Ermites. Trop de temps perdu sur cette difficulté malgré une corde pour s’aider, je n’ai plus été capable d’avoir le sursaut d’orgueil pour le rattraper. C’est la seule bonne décision que j’ai prise de la course. En haut, un photographe a pris mon portrait en glissant ceci “C’est pas le plus doué mais c’est le plus drôle”. Arf.

Bilan de ma course

Je termine La Sauvage en 2h15 à la 125e place sur 610, logiquement déçu, car je pense que j’aurais pu faire largement mieux sans tomber et en étant relâché.

Avec le recul, je me rends compte que, sauf les chutes, je n’ai pas souffert physiquement mais je me suis crispé car je sentais que je n’allais pas vite. Un pur réflexe de routard qui m’a tué le plaisir. L’objectif était de courir bien sans chercher le chrono ou la place pour être plus à l’aise.

Je suis rentré à la maison, dégoûté. Avec l’envie de ranger les baskets jusqu’à la fin de l’année. C’est alors que Madame m’a annoncé qu’elle avait réservé les billets de train pour la SaintéLyon 2015…

Il va donc falloir que je progresse, surtout dans la tête.

Une réponse

  1. Avatar de Emmanuelle
    Emmanuelle

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