Depuis deux semaines, j’ai l’immense privilège de tester “la meilleure chaussure de running jamais conçue”, comme le proclame le slogan utilisé par adidas pour le lancement de ce nouveau modèle.
A moins que vous ayez été réquisitionné par belle-maman pendant un mois pour une expédition en montagne quelque part en Slovénie, coupé d’Internet et des réseaux sociaux, vous avez forcément entendu parler de l’adidas Ultra Boost. Il faut dire qu’adidas a mis le paquet en terme de communication, provoquant parfois même un léger agacement au sein de la communauté des runners connectés.
Dès les premières images dévoilées et avant même sa sortie, l’Ultra Boost a suscité un clivage immédiat entre, d’un côté les fashion-runners à l’enthousiasme grotesque, et de l’autre, les puristes au snobisme insupportable.
La vérité sur l’Ultra Boost d’adidas
Il faut bien l’avouer, avec cette nouvelle chaussure de running, la firme aux trois bandes marche sur les plates-bandes de son concurrent Nike, leader incontesté de la basket flashy qu’on porte aussi bien à l’entraînement, en compétition qu’à la ville avec un jeans.
Pour autant, évitons l’écueil du bashing systématique et du mépris borné qui naît sans doute du fait que pour certains la mode a un prix qu’ils n’estiment pas toujours justifié d’un point de vue technique. Je préviens toute de suite : elle vous en coûtera pas moins de 180 euros.
Faut-il en déduire que l’adidas Ultra Boost n’est qu’une imposture marketing pour les gogos et qu’elle n’a en réalité aucune qualité pour la pratique de la course à pied ? Je vous propose de vous en dire plus et d’en faire le test complet.
Les caractéristiques de l’adidas Ultra Boost
Au niveau esthétique, adidas a visé juste. Vous avez demandé du fashion, vous avez du fashion. On a même aperçu le rappeur Kanye West au bras de Kim Kardashian avec une paire d’Ultra Boost aux pieds, et il ne semblait pas faire son jogging. La chaussure est classe, les couleurs sont sobres mais elle reste assez agressive notamment grâce à un mesh tricoté vraiment soigné.
Mieux vaut recourir à la languette située au dessus du talon pour l’enfiler sinon c’est compliqué. Mais une fois le pied inséré, la sensation de confort est instantanée. La tige Primeknit extensible sans couture vient épouser la forme du pied comme je l’ai rarement vu, à part avec mes charentaises chéries. La semelle intercalaire est entièrement composée de la technologie Boost, ce qui garantit un amorti remarquable.
Les trois bandes forment une pièce qui sert de maintien et qui s’ajuste en serrant plus ou moins les lacets. Autres éléments de maintien : une coque colorée au talon et bien-sûr le très célèbre système Torsion qui permet de dissocier le mouvement entre le talon et l’avant pied.
La curiosité se situe sur la semelle extérieure (Stretch Web) avec la présence de petites gouttes en caoutchouc sensées apporter une meilleure adhérence.
Mon test de l’adidas Ultra Boost
L’élasticité de l’Ultra Boost me permet de la porter à ma pointure habituelle (42 ?). Contrairement aux apparences, elle n’est pas très légère (300gr vérifiés). J’ai parcouru 160km. Des sorties footing de 10km sur route, quelques sorties longues (30km maximum) principalement sur des chemins de halage avec des portions accidentées, du fractionné sur piste et sur tapis.
Le premier footing a révélé une vraie souplesse dans les mouvements du pied, détail que j’affectionne. Nul besoin de la “casser”. Côté drop, on doit être aux alentours de 10 à vue de nez. L’accroche se sent effectivement tout comme le retour d’énergie. Un premier contact idéal. Le plaisir est resté intact durant toutes les sorties effectuées autour de 11-12km/h.
Lors des sorties longues, l’adidas Ultra Boost s’est très bien comportée surtout jusqu’à 20km. Son amorti permet de conserver de l’énergie plus longtemps. C’est au-delà de cette distance que j’ai pu juger son efficacité plus relative.
Sur piste, les sensations sont toujours restées agréables. En revanche, dès que j’ai essayé d’accélérer, j’ai observé un manque de dynamisme qui m’a poussé à écourter une séance de fractionné. Un deuxième test s’est soldé par un deuxième échec.
Pour autant, j’ai vraiment apprécié la liberté de mouvements et l’amorti offerts par l’Ultra Boost. Il est probable qu’adidas ait sur-vendu son produit mais il est loin d’être inintéressant.
A la question : l’Ultra Boost est-elle “la meilleure chaussure de running jamais conçue » ? J’ai envie de répondre que tout dépend de l’usage que vous souhaitez en faire.
Inutile de les envisager pour battre votre record personnel sur 10km. Pas évident non plus de les pousser jusqu’au marathon sauf peut-être si vous êtes un coureur de poids moyen qui n’ambitionne pas mieux que 3h30.
Néanmoins, vous frôlerez sans doute la chaussure parfaite pour un semi-marathon ou, comme moi, pour des sorties à allure moyenne et constante. J’en fais ma chaussure de référence pour les séances non-spécifiques.
Le bilan
Les points positifs :
- l’amorti total Boost : il n’est pas question de marketing, on parle bien d’innovation. L’efficacité est réelle.
- le look : le portier du Macumba m’a laissé entrer dès le premier coup d’oeil. Il a dû me prendre pour Kanye West.
- l’élasticité, la souplesse, le maintien.
- l’opportunité de faire de l’Ultra Boost une chaussure pour des sorties standard, les plus fréquentes finalement.
Les points négatifs :
- le manque de dynamisme pour les gros ambitieux.
- la semelle extérieure : les petites gouttes commencent déjà à s’user au bout de 160km. Leur efficacité reste intacte mais je demande à voir dans 400km.
- le prix : d’accord, la technologie est là mais il faudra malgré tout espérer un petit bon de réduction dans votre boutique préférée ou un bon d’achat offert par votre tante Josiane.
- les mauvaises langues : le positionnement de la marque vers une chaussure à la mode et son prix vont mobiliser les adeptes du dénigrement systématique qui vont jurer que l’Ultra Boost ne vaut rien.