Au printemps, j’ai décidé de m’offrir une trilogie de bitume. Semi, 10 km et marathon. Après ça, retour au trail jusqu’à l’année prochaine. Bazas Langon était donc ma première course sur route depuis le marathon de Nantes au mois d’avril 2013.
Pas évident de retrouver des sensations sur l’asphalte quand on passe le plus clair de son temps sur les sentiers escarpés. Je vois tellement de coureurs autour de moi suivre des plans d’entrainement millimétrés que je finis par douter du bien fondé de ma méthode de préparation quasiment inexistante à l’écoute de mes envies.
C’est donc dans l’incertitude la plus totale que je me suis présenté hier sur la ligne de départ. La température est fraiche, mais le soleil brille et le vent est faible. Les conditions sont idéales, mais le profil du parcours me fait peur, nous sommes loin de courir sur un billard.
Bazas-Langon, comme son nom l’indique, est une course de ville à ville. Nous laissons notre voiture à l’arrivée et sautons dans une navette pour nous rendre au départ. L’organisation est bien huilée et tout se passe sans encombre.
Après 20 bonnes minutes d’échauffement, il est temps d’y aller, plus question de reculer. Nous sommes environ 900 coureurs sur le semi-marathon. Le départ est donné, je suis bien placé et je trouve rapidement mon rythme. Ca part assez tranquillement car je garde la tête de course en point de mire pendant un bon moment. Je me fixe comme objectif de courir sous les 4min/km et de résister le plus longtemps possible. Je me dis qu’à cette allure, je ne verrai jamais l’arrivée car je suis quasiment sur les bases de mon record sur 10 km.
Le parcours fait les montagnes russes. On est bien loin d’un profil propice à la performance. Je vais finir par exploser si je continue. Ca ventile beaucoup autour de moi, ça me rassure d’entendre la respiration haletante de mes compagnons du jour. Je n’en suis pas encore là même si l’épreuve me semble difficile, j’ai encore de la réserve.
Les kilomètres défilent et ça tient toujours, bientôt le panneau qui indique les 10. Ma montre affiche moins de 40 minutes. Encore 500 mètres et j’aurai couvert la moitié des 21.1km de ce semi-marathon.
Je me ravitaille rapidement et je repars en essayant de maintenir le rythme. Depuis un moment, je suis en compagnie de ce que je crois être la première féminine. Nous échangeons quelques mots, elle est sur les bases d’1h25. Je n’ose pas encore croire à ce chrono, mais je décide de l’accompagner, et même de l’aider dans sa tâche. Le vent souffle de face, je me place devant pour la protéger tout en surveillant l’allure.
Après tout juste une heure de course, nous passons au 15ème kilomètre. Il n’en reste plus que 6 à parcourir pour atteindre la délivrance et franchir enfin la ligne d’arrivée. Ca devient de plus ne plus difficile mais je tiens, je fais des calculs dans ma tête, ça fait passer le temps, et au moins, je ne m’écoute pas trop pendant ce temps là. Encore 24 minutes si tout va bien, ce n’est pas grand chose 24 minutes dans une vie. Je me raccroche à ça.
Dernier ravitaillement avant l’arrivée, Langon est tout près, encore une dernière difficulté et nous y serons. Le rythme ne faiblit pas, au contraire, j’accélère même un peu. Ma partenaire du jour ne suit plus, elle m’encourage à partir seul. Je la précède de quelques secondes. J’entre dans le parc d’arrivée, j’aperçois le chronomètre qui s’égraine, ça va se jouer à la seconde pour passer sous les 1h25 …
Finalement je franchis la ligne après 1h25min03sec, je suis ravi, je n’envisageais pas atteindre cet objectif. Sans entrainement spécifique et avec un précédent record en 1H29 à Paris l’année dernière, je trouvais présomptueux d’imaginer un tel chrono. Ca me donne une base de travail intéressante dans l’optique du marathon de Nantes qui aura lieu de 27 avril prochain.
Sébastien Réby
Crédit photos : Instant Image