Après une bonne performance sur marathon j’avais envie de savoir si ma progression sur route était aussi valable en trail. Je me suis donc fixé comme objectif de parfaire mon expérience dans cette discipline en participant à la Venasque sur le Luchon Aneto Trail (44km – 2800m de D+).
Après m’être préparé physiquement du mieux que je le pouvais (travail de côtes, vélo, rpm, sorties longues, gainage, etc), je pars confiant mais avec une petite incertitude concernant le technicité du terrain qui m’attend là bas. Le massif forestier vendéen n’a rien à voir avec les sentiers montagnards.
La participation au Trail du Gévaudan durant ma préparation m’a bien rassuré, je me suis senti à l’aise en terminant à la 5ème place malgré des crampes aux mollets.
Par contre, un weekend rando en montagne avec des amis m’a confirmé que la pratique du Trail en est compliquée qu’on ne maitrise pas son sujet. On peut vite se faire des frayeurs surtout quand il reste de la neige.
A l’assaut des 44km du luchon Aneto Trail
Le départ est donné à 8h00. Le ciel est couvert et pour le moment la température extérieure est douce. Le temps est idéal pour démarrer. J’ai pris l’option de me mettre en première ligne afin de prendre un bon départ. Je ne sais pas où je me situe physiquement par rapport aux autres coureurs mais je tente le tout pour le tout.
Je pars dans le groupe de tête. Je m’attendais à un départ tonitruant et en fait nous courons à une allure plutôt modérée, et je retrouve mon allure d’entrainement. Pour le moment je maitrise mais je sais que ça risque de ne pas durer, je ne m’enflamme pas. D’après la topographie du parcours, que j’ai légèrement étudiée avant de partir, nous allons «bouffer» du dénivelé très rapidement.
Après 1km de plat dans la ville de Bagnère de Luchon, nous bifurquons sur un sentier forestier. C’est le début de la course. Les premiers kilomètres se font en trottinant avec le groupe de tête. Nous sommes une dizaine.
Certains ont déjà les bâtons en mains. De mon côté je vais avancer les mains sur les cuisses. N’étant pas habitué aux courses de montagne je n’ai pas jugé utile de m’équiper de bâtons. L’avenir me dira si j’ai bien fait.
Le groupe s’étire de plus en plus. Je vois partir les 4 premiers doucement sous mes yeux. Je n’essaie pas de prendre leur foulée car je sais que j’en suis incapable. Je prends la tête du groupe de poursuivants pendant un moment.
J’ai super chaud et je suis trempé de sueur. Est-ce dû aux abus de la veille ou à le hausse des températures ? Le rythme est bon et je fais attention où je mets les pieds car les racines des arbres parsèment le parcours. Je martèle dans ma caboche qu’il faut que je lève les pieds si je veux aller au bout sans embuche.
La brume nous empêche pour le moment de profiter pleinement du paysage. J’ai l’espoir que ça se découvre rapidement.
Mon groupe a éclaté et je suis tout seul. N’étant pas trop observateur, j’ai la crainte de rater un balisage. Pas de souci à se faire, les sentiers sont super bien balisés.
Une grosse carcasse vidée sur le bas côté, On ne voit plus que les os ! Que ce que ça pouvait être ? Qui a mangé ça ? Pas le temps de regarder, je continue ma route. Il n’y a toujours pas de soleil et je ne vois toujours pas de montagnes. Ce qui est sûr c’est que ça grimpe toujours.
J’arrive seul à L’hospice de France, 1er ravitaillement après 15 km. Je prends le temps de remplir mes 2 flasques que j’ai déjà vidées après 1h36 de course. Je grignote quelques TUC, quelques morceaux de fromage et 2 bouts de banane. Je suis rejoins par quelques coureurs, qui finalement n’étaient pas loin de moi.
Je repars rapidement accompagné de 3 autres coureurs. L’ascension jusqu’au Port de Venasque sera moins monotone. Les kilomètres s’enchainent mais a vitesse très réduite. Je ne peux plus courir depuis un moment. Je marche et je reste derrière ceux qui m’accompagnent pour me préserver pour la suite.
Je commence à distinguer les montagnes et le soleil fait son apparition. Une fois le ciel dégagé, la nature nous offre un tableau magnifique. Je me retourne régulièrement pour admirer la mer de nuages qui se trouve derrière nous.
La montée est longue et j’ai l’impression de ne pas avancer. Le sommet me parait encore loin. Une légère brise se fait ressentir et j’ai quelques frissons. J’hésite à sortir ma veste pour éviter de prendre un coup de froid mais j’oublie très rapidement cette idée car ce petit coup de vent n’est que passager. Nous ne sommes plus que 2.
Je discute un peu avec mon compagnon de course et il me demande si je peux passer devant lui. Je prends donc le relai et sans m’en rendre compte je le distance assez rapidement.
J’arrive au sommet après 3h15 d’effort. Premier pointage, on me dit que je suis à la 15ème place. Je suis content mais je ne suis qu’à la moitié de la course.
Je croise quelques randonneurs qui m’encouragent à chaque fois. Je longe un magnifique lac aux eaux translucides, une vraie piscine naturelle idéale pour une séance de cryothérapie. Je vois arriver au loin ma grosse crainte, un névé ! Il ne fait quelques mètres de longueur et les coureurs qui sont passés avant moi ont déjà créé le passage.
Je remonte pour arriver sur le Pas de l’Espalette . Il fait chaud, le soleil commence à bien taper. J’arrive au sommet, et il y a du monde. Toujours pleins d’encouragements, ça fait plaisir.
Je suis du côté espagnol, la végétation est beaucoup plus aride, rocheuse et donc plus technique. J’entame la partie descendante du parcours. Je me suis senti à l’aise lors de la montée par contre je sais que je risque de souffrir un peu plus à partir de maintenant. Je ne me sens pas hyper bien dans mes chaussures.
Les sentiers deviennent de plus en plus étroits. Je me rapproche du prochain ravito. Retour à l’Hospice de France. J’aperçois un autre coureur pas très loin de moi. Je me rapproche de lui doucement mais surement. Je prends quelques risques pour le rattraper.
Je retrouve à ce moment là, mon chéri, et mes copines qui m’encouragent quand j’arrive. Voir ses proches fait toujours un bien fou. Je fais le plein et je repars rapidement. Nous sommes 3 à 4 coureurs à partir au même moment. Il reste 14 km. J’entends au loin Olivia qui me crie : TOP 10, c’est pour toi ! Je vais essayer…
A partir de ce moment là je vais reprendre une bonne partie du parcours de ce matin. J’ai bien repéré les sentiers larges, pour descendre ce sera plus facile. J’y vais à bloc. Je regarde rapidement ma montre et je vois que mes jambes répondent encore bien puisque je suis à plus de 16 km/h.
Je double déjà un coureur qui apparemment s’est tordu la cheville. Je lui demande si tout va bien, il me répond que oui donc je trace ma route. Rapidement je retrouve un sentier que je connais déjà, assez long et pentu.
Je me retourne de temps en temps et je ne vois plus personne. Je ne lâche rien car je sais que ça peut revenir vite et surtout que je peux avoir un coup de moue. Je sens que je vais moi vite. Cette fois je sais que ça va commencer à être dur. Je continue à doubler quand même. Je retrouve des coureurs qui m’avaient doublé dans l’ascension du Port Venasque. Ils paraissent bien plus fatigués que moi.
En plus d’avoir mal aux jambes, d’avoir la sensation que des ampoules se formeent, je commence à en avoir marre et j’ai envie d’arriver au plus vite.
Je vois de nouveau quelqu’un devant moi, je puise dans les forces qui me restent pour essayer de m’accrocher à lui et le dépasser. J’ai vraiment du mal. J’ai les cuisses et les mollets qui se plaignent de plus en plus et il fait super chaud !
Je commence à entendre le bruit des moteurs de voiture. C’est bon signe et cela veux dire que l’arrivée est proche. Quand est ce qu’on arrive ? Dernière descente et j’entre dans le parc. Plus que quelques mètres à faire et ce sera la libération.
Je passe la ligne d’arrivée après 5h38. Je suis loin de ce que je m’étais fixé mais je suis plutôt satisfait car je pense avoir bien géré ma course. Pour une 1 ère course de montagne dans les Pyrénées je suis plus que satisfait car je termine à la 9ème place.
Je tiens à remercier l’organisation de nous avoir concocté un si beau parcours, et je remercie surtout tous les bénévoles pour leur prévenance leur sourire leurs encouragements. Le Luchon Aneto Trail, une course à faire et à refaire !
Crédit photo : RunningMag
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