Certains marathons nécessitent une inscription jusqu’à un an à l’avance, il est alors bien évident que nul ne peut prévoir la forme du moment et la possibilité d’avoir pu s’entrainer correctement les dernières semaines avant la course. Courir un marathon sans entrainement peut parfois être envisageable, à condition de revoir ses ambitions.
Dans l’idéal, nous aurons suivi un plan d’entrainement d’environ 8 semaines avec des séances spécifiques, des sorties longues, et pourquoi pas un semi-marathon test qui permettront de déterminer l’allure marathon le jour de la course.
Nous arborerons alors fièrement notre bracelet avec les temps de passage pour atteindre l’objectif, la montre qui permet de bien surveiller le rythme tous les 5 kilomètres au minimum, et nous partirons dans le sas qui correspond au chrono voulu. Nous pourrons aussi décider de suivre un meneur d’allure qui nous aidera également mentalement à tenir le tempo.
Et il y a les autres cas, ceux où la préparation n’est pas présente, un peu, beaucoup ou pas du tout.
Un marathon sans préparation
Dans mon cas, on me dira toujours « oui mais toi tu cours », « oui mais tu as l’habitude ». Je répondrai à chaque fois : un Marathon reste un Marathon, on ne peut ni le dompter, ni le connaître avec certitude. Chaque kilomètre compte, les derniers souvent bien plus que les premiers. Ils sont longs, parfois vraiment très très longs.
Je me suis retrouvée dans une situation de ce type la semaine précédant le marathon de Berlin, couru le 27 septembre dernier. Je venais de mettre tout entrainement en suspens, de passer à la marche athlétique début septembre et de renoncer à participer à toute compétition avant 2016. Mais j’étais également inscrite sur le marathon de Berlin avec vol et hôtel réservés depuis des mois.
Une semaine avant, un sursaut passant dans mon esprit, je me suis décidée à faire la seule sortie longue de mon entrainement inexistant. Le lendemain, j’ai envisagé un footing de récupération qui s’est vite transformé en une sorte de test sur 10km d’une allure marathon éventuelle. J’ai choisi celle que je maîtrise habituellement, puisque j’ai déjà couru à deux reprises en qualité de meneuse d’allure officielle en 3h45.
Puis il y a eu le départ et tout ce qu’il ne faut pas faire : visiter Berlin en long, en large et en travers, marcher du matin au soir, courir la veille et l’avant-veille du marathon (oui on va plus vite d’un point A à un point B en courant !). Tout ça : ne le faites surtout pas ! Comme je dis souvent aux coureurs que j’entraine : faites ce que je dis, jamais ce que je fais. Le coach est souvent le moins raisonnable de tous, certains de ses amis coureurs arrivent même à le qualifier de « déjanté ».
Donc, dans l’hypothèse de cette situation fâcheuse et aggravée par des envies de jouer au touriste la dernière semaine avant le jour J, deux solutions : renoncer à prendre le départ, ou le prendre en sachant à quelle allure et dans quelles conditions il est possible de terminer sans déception. Car la seule erreur à ne pas commettre c’est bien de partir sur une allure trop rapide.
Une évidence toujours bonne à rappeler : seul un entrainement sérieux permet de réaliser des performances, outre tous les autres critères purement liés aux conditions le jour de la course (météo, état de forme ou de santé notamment).
Le seul calcul, puisque départ il y aura, sera de déterminer une allure confort de course et se dire du premier au 42ème kilomètre que cette allure est confortable et qu’on peut la tenir en toute régularité. La force du mental et un peu d’expérience sur la distance, avouons-le, feront le reste.
Ce sera, par exemple, passer d’une allure moyenne de 12 km/h à 11.40 km/h ou de 10 km/h à 9.5. Car finalement, la distance est une chose mais c’est bien la vitesse qui fait la différence, quelque soit le niveau de chacun.
Il est toujours préférable de maîtriser une vitesse moindre que de se retrouver à l’arrivée avec une sensation d’échec, en ayant voulu tenter un chrono impossible alors qu’on le savait dès le départ. En qualité de compétiteur, nous aimons l’objectif. Ainsi si le chrono de l’arrivée correspond à celui recalculé, nous aurons finalement de quoi nous satisfaire.
Comme il a été dit au départ du marathon de Berlin : « vous n’avez qu’une vie, mais il y a plein de marathons ». Le prochain sera préparé et étudié pour réaliser un chrono. Mais le plaisir peut être au rendez-vous autrement, même en gardant un objectif chronométrique ! N’hésitons donc pas à accepter la possibilité de courir un peu moins vite si cela est nécessaire.
Karine Zeimer