Pendant mes études déjà j’étais moyen partout, et cela me demandait pourtant beaucoup d’énergie. En course à pied, c’est un peu la même histoire. Je m’entraine comme un champion et pourtant je ne serai jamais ce héros des temps modernes qui collectionne les podiums.
Je cours, je nage et je pédale environ 10 heures par semaine pour un résultat qui finalement est loin d’être à la hauteur de l’investissement. Simple constat qui heureusement n’affecte aucunement ma motivation.
La faute à la génétique comme on dit, c’est ce qu’on appelle communément les prédispositions physiologiques. Même avec tous les entrainements du monde, un cheval de trait ne deviendra jamais un pur sang. Une fois qu’on a compris ça, on vit sa pratique sportive autrement.
Je ne fais donc pas tout ça pour briller aux yeux des autres, même si je l’avoue, je puise une grande force dans le regard admiratif de ma femme et de mes enfants. Egoïstement, si je cours, c’est avant tout pour moi, pour me sentir bien, pour me vider la tête et certainement pas pour en mettre plein la vue aux copains.
Je dois tout de même être un peu addict à la transpiration, j’en ai conscience. J’aime sentir ce gout salé sur ma peau, il est le signe d’un bon entrainement réalisé. On me demande souvent après quoi je cours. Mais pourquoi devrais-je courir après quelque-chose ?
Je ne sais l’expliquer, j’aime simplement ce sentiment de liberté que cela me procure. Avant de sortir de chez moi, je ne sais jamais si je vais prendre à droite ou à gauche au bout de la rue, si je vais me contenter d’un footing ou m’offrir une sortie longue dans les bois.
Quand je cours, je suis maitre de mon destin, je me sens léger et invulnérable. Je ne suis qu’un coureur moyen parmi tant d’autres. Je vis ma passion à fond, je me lève tôt pour m’entrainer afin d’impacter le moins possible notre équilibre familial. Pour moi la course à pied est une activité solitaire même si je comprends très bien la dimension collective que certains souhaitent y insuffler.
Le running doit rester un plaisir, le jour où j’aurai l’impression de devenir esclave de ma pratique sportive, je raccrocherai les baskets, il sera alors temps pour moi de tirer ma révérence. En attendant, je vis chaque jour comme si c’était le dernier, je profite de ma chance et du plaisir que j’ai à pratiquer la course à pied.
Pierre