Le champion du monde de course de raquettes à neige est français, et dans quelques jours il tentera de décrocher un 3ème titre mondial. Rencontre avec Stéphane Ricard qui nous fait découvrir une discipline encore méconnue en France.
C’est à Saranac Lake, un village situé sur les rives nord du Lake Flower dans l’État de New York entre les comtés de Franklin et de Essex aux États-Unis que seront organisés les championnats du monde 2017 de course de raquettes à neige en cette fin février.
Vous ne le saviez peut-être pas, mais le détenteur du titre mondial est français. Stéphane Ricard est devenu champion du monde de la discipline pour la seconde fois l’année dernière du côté de Vezza d’Oglio en Italie, après s’être imposé pour la première fois en Suède en 2014.
Une véritable discipline sportive
Même si la raquette à neige est bien connue des français pour son aspect loisir, la discipline est très peu pratiquée sous forme de course, une sorte de vide sportif assez peu compréhensible, étant donné la simplicité qui la caractérise.
Comme chaque hiver depuis plusieurs années, ce championnat du monde constitue pourtant le premier objectif de la saison de ce haut-Alpin de 33 ans. Habitant dans le Champsaur au dessus de Gap, Stéphane Ricard pratique la raquette avant tout pour diversifier sa préparation de coureur à pied, aujourd’hui orienté vers le trail.
Il effectue des sorties en raquettes dans ses montagnes quand les conditions le permettent, ce qui représente finalement assez peu d’occasions, compte tenu de l’enneigement souvent tardif dans les Alpes-du-Sud. C’est donc surtout son entraînement de coureur qui constitue la majeure partie de sa préparation à ce championnat du monde.
Pour cette finale américaine, le professeur des écoles n’a pas négligé la musculation un peu appuyée, avec notamment quelques séances à la presse où il soulève autour des 200kg, histoire de supporter la course en neige profonde, ces fameux passages « trappeur » auxquels il doit s’attendre le 25 février prochain.
Ces passages non damés sont typiques des organisations américaines, comme en 2015 au Québec où il avait échoué au pied du podium. Des conditions bien différentes de celles rencontrées en Europe, où les surfaces sont plutôt dures, favorisant davantage les qualités de rythme des concurrents. Un des points forts de notre homme, dont le record personnel sur 10km route culmine tout de même à 31’07 ! Ainsi, le rythme d’un coureur en raquettes sur neige damée, peut parfois atteindre les 19km/h.
Chaque année, la raquette attire de nouveaux compétiteurs, un engouement que l’intéressé explique par son goût pour la montagne qu’il peut arpenter librement au moyen de ses curieuses chaussures, bien moins encombrantes que des skis de randonnée.
Une bonne préparation hivernale
Pour Stéphane Ricard, chausser les raquettes constitue un excellent moyen d’améliorer ses capacités physiologiques et musculaires tout en sortant de la routine du coureur. L’autre avantage par rapport aux autres disciplines d’endurance sur neige est d’être moins chronophage. Entre une heure de course à pied et une heure passée à courir en raquettes, la dépense est largement équivalente, voire supérieure du côté de la raquette.
Et si vous vous demandez comment se gère une course de 10km en raquettes, le champion du monde sortant explique que cela supporte bien la comparaison avec le cross-country. Il faut se dégager assez vite du peloton si l’on veut accéder aux avant-postes de la course. Mais le poids des raquettes fait qu’il faut vite savoir calmer ses ardeurs pour éviter d’exploser ! Et quand on aborde des passages profonds, il y a un réel avantage à ne pas faire soi même la trace en laissant ses adversaires s’en charger eux-mêmes !
Toutefois, même si la technique en raquettes semble se confondre avec celle de la course, il serait erroné d’imaginer qu’un excellent coureur à pied ferait forcement un bon coureur en raquettes. Le transfert d’efficacité entre les deux disciplines n’est pas nécessairement évident. Stéphane Ricard s’en est aperçu quand il a convié quelques amis trailers de haut-niveau le temps d’une séance d’entrainement.
La foulée en raquettes se doit d’être économique, compte tenu du poids aux pieds, et à ce titre plutôt rasante. Il faut aussi d’après ce spécialiste, écarter suffisamment ses appuis pour ne pas taper ses malléoles avec ces drôles de chaussures de 22cm de largeur pour 55cm de longueur et ses quatre points d’ancrage.
La raquette deviendra-t-elle un jour discipline olympique ?
Des nations comme l’Italie, les Etats-Unis, le Japon, la Suède, le Canada militent à cet effet, puisque comme le souligne Stéphane Ricard, celle-ci était en démonstration aux Jeux d’hiver de Vancouver. Cela pourrait permettre aux athlètes africains encore trop peu représentés de participer aux Jeux d’hiver. En effet, le coût peu élevé du matériel et sa pratique bien plus abordable que la plupart des sports de glisse sont des arguments qui plaident dans ce sens.
En attendant, nous suivrons avec un vif intérêt le parcours de Stéphane Ricard à l’occasion de ces championnats du monde, lui qui vient d’intégrer le team Univers Running pour la saison 2017.