La disqualification de 48 coureurs pour non respect de l’interdiction de courir en musique soulève à nouveau un vent de révolte. David nous livre son point de vue sur un règlement mis en application par quelques organisateurs zélés !
L’interdiction de courir en musique, que j’estime être une farce de la part de certains organisateurs pointilleux ayant décidé de se servir du règlement pour satisfaire un plaisir pervers et affirmer leur petit pouvoir, n’est malheureusement pas qu’un débat franco-français.
Si la FFA vient d’inscrire dans ses textes cette interdiction de courir en musique pour les courses hors stade, il semble que nos voisins anglais soient eux aussi concernés par le sujet. En effet, 48 des 1 800 participants du Beverly 10K, organisé dans le Nord de l’ Angleterre, ont été purement et simplement disqualifiés. Certains ont appris leur disqualification sur la ligne d’arrivée, d’autres en constatant qu’ils n’apparaissaient pas dans les résultats officiels.
Localement l’affaire a fait son petit boucan, entre l’incompréhension des disqualifiés, la colère parfois, et la fermeté des organisateurs qui estiment avoir suffisamment averti les inscrits par courrier électronique et dans le règlement de la course en ligne.
Néanmoins, les personnes disqualifiées s’estiment de bonne foi, niant avoir vu quelque mention que ce soit dans les documents fournis, et regrettent surtout de n’avoir vu aucune communication le jour de la course. Sur le site, le moins que l’on puisse dire c’est que l’information ne saute pas aux yeux …
Sur cette course en particulier, il apparaît que l’interdiction existe déjà depuis plusieurs années. Cependant, les récentes directives fédérales locales ont incité les organisateurs à taper fort pour cette édition, en sanctionnant strictement ce qu’ils toléraient pourtant depuis plusieurs années.
Selon les témoignages, le nombre de personnes portant des écouteurs était beaucoup plus important que le nombre de personnes disqualifiées, ce qui signifie que les contrôleurs ont certainement voulu faire des exemples en sanctionnant au hasard.
J’ajoute que parmi les disqualifiés de Beverley, plusieurs étaient licenciés en club. Cela montre une nouvelle fois le déficit d’information au sein même des fédérations.
Ailleurs dans le pays, on trouve souvent dans les règlements la recommandation de ne pas courir en musique; le coureur qui souhaiterait s’y soustraire serait responsable en cas d’accident. C’était le cas par exemple au Marathon de Brighton.
Répression plutôt que prévention ?
L’argument de la sécurité me parait faible sur des courses en ville parfaitement balisées et encadrées, mais je peux admettre qu’on soit en désaccord avec moi et qu’on trouve un drame déjà survenu dans de telles circonstances pour me contredire.
Toutefois, si on met de côté le débat sur la dangerosité avérée ou non de courir avec des écouteurs (personnellement j’écoute des podcasts, à un volume faible, et rarement en continu sur une course), je regrette davantage le manque de communication de la part des organisateurs, qu’ils soient de France ou d’ailleurs.
On a beau dire que « le règlement c’est le règlement », que nul n’est censé l’ignorer, le fait est que la communication n’est pas limpide sur le sujet et que des coureurs ignorent bien souvent qu’ils sont en dehors des clous s’ils courent en écoutant Michel Sardou (à cet égard je comprends qu’on puisse les blâmer). Certains organisateurs négligent le travail de prévention et d’information et voulant appliquer les règles par principe, et par la force.
C’est ce type d’échange qui me dérange. J’en veux pour preuve les messages reçus dernièrement par mail sur Globe Runners. Les témoignages de quelques coureurs qui écrivent pour se plaindre d’avoir été invectivés et empoignés par un organisateur mécontent de les voir courir en musique. “This is not a method”, comme dirait un ex-président de la République.
S’il était nécessaire d’arriver à une véritable interdiction, il serait surement plus judicieux de prendre le temps de communiquer sur la question, de faire de la véritable pédagogie, et d’accepter qu’il y ait une période transitoire qui passe par le maintien d’une forme de tolérance.
Ce qui m’inquiète, c’est que ce réflexe d’encadrement de la pratique de la course hors-stade va, à mon avis, dans le sens d’une reprise en main par les institutions d’un mouvement laissé pour mort au début des années 70. A l’époque, les fédérations n’avaient pas mesuré l’ampleur que prendrait la course hors-stade, ni la manne financière potentielle qu’il représenterait.
A l’heure où les coureurs se félicitent de la sortie sur les écrans du film Free To Run, l’avenir du runner qui souhaite échapper aux contraintes passe peut-être par un retrait des courses officielles.
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