Nous ne sommes pas tous égaux face à l’esprit de compétition qui anime les runners. Si certains assument totalement cette envie de toujours donner le meilleur de soi, d’autres prônent davantage une quête de plaisir dans leur pratique sportive, dénuée de toute notion de performance.
La vie est une compétition, contre soi mais aussi contre les autres. A l’heure où la technologie permet de mesurer et de décortiquer la moindre séance, la course à pied n’y échappe pas, et chaque sortie devient un prétexte pour se mesurer aux autres.
L’engouement pour une application comme Strava en est le parfait exemple, car ici la chasse aux records est ouverte 24h/24. Des nouvelles habitudes qui exacerbent encore davantage les penchants compétiteurs de certains de nos copains coureurs.
A fond, à fond, à fond
D’un côté, on trouve donc les compétiteurs, les vrais, ce qui courent chaque dimanche pour monter sur la boite, que ce soit pour une couronne virtuelle, un saucisson ou un chèque de 5000 euros. Ceux pour qui seule la victoire est belle, qui vivent la défaite comme un échec, une désillusion qui laisse un gout amer. Ceux qui veulent toujours aller plus loin dans la performance, que ce soit en courant plus vite, ou en allongeant les distances de manière vertigineuse.
Le compétiteur ne laisse rien au hasard, il prépare minutieusement ses objectifs, et prend toujours le départ le couteau entre les dents, prêt à en découdre. Il aime le gout du sang, et même s’il doit finalement s’incliner, il ne le fera jamais en cédant à la facilité.
Le runner compétiteur est un guerrier de l’extrême limite dont les motivations principales sont l’envie de vaincre et de réaliser des performances. Une manière d’appréhender la pratique sportive qui, à moins d’être un grand champion, peut parfois conduire de frustrations en frustrations, ou simplement étioler le plaisir de courir.
« Moi je cours juste pour le plaisir »
Et puis il y a les autres, tous les autres, qui constituent d’ailleurs le gros du peloton. Attention, ces derniers n’ont pas pour autant rejeté toute idée de se battre et de donner le meilleur à chaque instant. Le plaisir a des limites, ce serait trop la honte de finir dernier !
Mais non, en vérité l’essentiel est ailleurs, ici l’accomplissement ne passe pas irrémédiablement par le culte du résultat. Car dépasser les autres c’est bien, mais parfois ça ne suffit pas à se dépasser soi même.
Une organisation de l’échelle des valeurs remodelée qui met en avant des objectifs parfois considérés comme secondaires mais qui n’en demeurent pas moins importants.
Pour autant, peut-on réellement dissocier et faire s’affronter plaisir et résultats ? Ne peut-on pas courir pour le plaisir avec un objectif de performance ? Bien évidemment, même si de tout temps, on a toujours voulu opposer sport loisir et compétition, permettant à chaque camp de stigmatiser l’autre à grand renfort de caricatures.
N’oublions pas que la performance est souvent toute relative, et ce quel que soit le niveau. Si les records sont faits pour être battus, ils ne peuvent constituer à eux seuls une motivation suffisante pour épingler un dossard, surtout pour les runners qui ont la lucidité de se voir comme ils sont, des coureurs ordinaires.
La performance peut être une source de plaisir et de motivation au même titre que la recherche de bien-être ou d’accomplissement personnel. Finalement nous avons tous une bonne raison de courir, et il n’en existe aucune qui soit meilleure qu’une autre. A moins que…
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