Les avis sont partagés, entre admiration et suspicion, on se demande jusqu’où peut on repousser les limites ? Est-il sérieusement envisageable de voir un jour le chronomètre descendre sous la barre symbolique des deux heures ? A l’allure où vont les choses, cela semble tout à fait imaginable d’ici quelques années.
20,6 km/h, c’est la vitesse moyenne à laquelle il fallait courir cette année pour remporter l’épreuve berlinoise et s’adjuger la meilleure performance mondiale de tous les temps. Tout simplement hallucinant pour les coureurs lambdas que nous sommes.
Imaginez un peu, 2min55 au kilomètre pendant 42 bornes, un 5000 couru en 14’10 entre le 30ème et le 35ème, au moment où d’autres se battent pour ne pas sombrer face au mur du marathon.
Même si le profil de Berlin est propice à la performance, cela donne tout de même le tournis à certains. Pourtant les records sont faits pour être battus …
La suspicion généralisée autour des performances réalisées par les athlètes venus de l’Afrique de l’Est ne cesse de se développer. Soyons honnêtes, il existe très certainement des tricheurs dans le lot des coureurs qui émergent toujours plus nombreux sur la scène marathon internationale, mais pour autant devons-nous jeter l’opprobre sur toute une discipline ?
Il est trop facile d’agiter le spectre du dopage pour justifier une performance qu’on ne s’explique pas. Il est difficile d’accepter ce qui nous dépasse. Pas un exploit sportif qui ne soit remis en question, la rumeur et la calomnie comblent nos incertitudes au détriment de nos rêves.
L’ombre du dopage plane sur le marathon, entachant ainsi une discipline qui pourtant continue de faire rêver les amateurs. On parle de limites physiologiques franchies, mais qu’en savons-nous ? En quoi une performance chronométrique autour de 2h05 serait plus acceptable et moins sujette à polémique ? Sur quelles bases ?
Pourtant, selon certaines personnes bien pensantes qui fixent des limites arbitraires, la performance sportive devient inévitablement suspecte dès qu’elle dépasse un certain seuil. Ce systématisme apparaît comme injuste et dévalorise totalement la performance des athlètes aux yeux du grand public.
En 1908, Johnny Hayes bouclait le marathon olympique de Londres en 2h55, et à l’époque, cela devait déjà susciter par mal de polémiques.
Sébastien Réby
Crédit photo : SCC EVENTS/PHOTORUN