Toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé serait bien évidemment fortuite ! Facebook, Instagram, Twitter, une page perso, une autre pour son personnage virtuel, c’est l’overdose. Le runner blogueur s’immisce dans notre quotidien sans faire de bruit, il infuse de manière insidieuse, voire tendancieuse. On le dit influent, mais auprès de qui ? La réponse reste finalement assez mystérieuse.
Le runner blogueur est partout, il squatte nos fils d’actu dans le but de faire parler de lui (c’est important), et d’attirer notre attention ainsi que celle de quelques annonceurs en quête du nouveau phénomène running qui saura parler à sa communauté.
Car il faut bien se rendre à l’évidence, le runner blogueur a depuis bien longtemps vendu sa petite vertu au diable, ainsi qu’à Nike, Mizuno, adidas et consort (ne cherchez pas, ce n’est pas une nouvelle marque), pour quelques paires de pompes, ou 3 barres de céréales. D’avoir trop bien courus, certains coureurs « élite » se sont même vus remplacer par une armada de runners-blogueurs ambassadeurs équipés de leur smartphone. Les valeurs du sport et de la performance sont devenues des principes rétrogrades. Aujourd’hui on se moque des athlètes et du résultat, on veut de la visibilité, et peu importe ce qu’il en coûte.
Le runner-blogueur est de toutes les présentations produits, il court davantage les petits déj, les cocktails, et les réceptions, que les séances de fractionné, pour un t-shirt ou un selfie en compagnie d’une ancienne gloire sortie de sa retraite, attendrie par une poignée d’euros, et le plaisir de faire à nouveau parler de ses exploits passés.
Pique-assiette le runner-blogueur ? Mais pas du tout ! Il sait simplement se rendre disponible, avec la volonté de toujours répondre présent là où bat le cœur de l’actu, la vraie ! L’intégrité, voilà la qualité première d’un bon runner-blogueur. Et non, il n’est pas permis d’en douter.
Tout au long de la saison, le runner-blogueur a la chance de tester tout plein de produits très très bien, mais qui malheureusement coûtent toujours très très chers. Mais c’est pas grave, car lui ils ne les paient jamais, et ne les rend pas souvent après avoir écrit son petit article pour dire que le produit est quand même très très bien, et qu’il faut absolument l’acheter. Sans oublier de cliquer sur le petit lien d’affiliation qui lui permettra de gagner 50 centimes pour financer son prochain défi.
Ah bah non en fait, les dossards c’est un peu pareil, le runner-blogueur ne les paie que très rarement, car en tant qu’influenceur (on cherche toujours), il est généralement invité par l’organisation qui espère qu’à travers son formidable partage d’expérience, le runner-blogueur diffusera la bonne parole auprès de sa petite communauté qui le suit les yeux fermés (ce qui il faut bien l’admettre, n’est vraiment pas pratique pour courir).
Le runner-blogueur te fait rêver car il participe souvent aux courses dont tu n’oses même pas prononcer le nom, tant il serait financièrement déraisonnable d’envisager s’y inscrire. On dit même qu’il est plus fort que le tirage au sort. Du coup, c’est un peu par procuration que tu vis son aventure qui parfois ne dure pourtant pas très longtemps. Attention tout de même, ça pourrait finir par se voir.
Pour quelques raisons obscures, un grand runner-blogueur (visionnaire ?) du début du siècle appelait d’ailleurs il y a quelques mois à la fermeture de toutes ces plateformes nombrilistes et rétrogrades totalement dénuées d’intérêt, car gangrénées par la volonté farouche de faire de nous des conso-runners. Serait-ce la fin d’une époque ? La dictature des Instarunners s’emparera-t-elle de nos esprits disponibles et malléables ? Pour se rassurer, on peut toujours se répéter en boucle qu’un influenceur n’a de raison d’exister que s’il est entouré de gens influençables. Les blogs sont morts, vive les blogs et les runners-blogueurs.