Pour les non initiés, la course à pied apparaît parfois comme une lutte perpétuelle contre la souffrance d’un corps mis à rude épreuve. Il est évidemment difficile d’imaginer que l’on puisse prendre du plaisir à se faire mal. Oui mais voilà, courir ce n’est pas que ça.
Enfiler une paire de chaussures de running pour la première fois, c’est un peu comme prendre un aller simple pour une destination inconnue. On ne va pas se le cacher, au début ça fait mal, mais rapidement on finit par en retirer une certaine fierté personnelle.
Pour commencer il y a la découverte du corps, celui-là même qui vous porte depuis votre naissance et qui d’un seul coup vous apparaît comme étranger. Il va falloir apprendre à l’apprivoiser, à l’écouter, mais aussi parfois à le dominer pour ne pas sombrer dans la facilité. Sentir ce corps bouger, se mouvoir dans l’espace, d’abord doucement, autour de la maison, dans un parc ou le long d’une rivière, puis un peu plus loin.
Progressivement votre rapport à la course à pied évolue. Le corps s’habitue à l’effort jusqu’à l’assimiler totalement. Courir devient une évidence, une seconde nature. Nul besoin d’être un grand champion pour toucher du doigt ce sentiment.
La course à pied est un sport simple qui permet à chacun de s’exprimer en fonction de son niveau et selon ses propres capacités. Les prédispositions physiques de chaque individu ne permettent pas à tous les coureurs de briguer des places d’honneur, mais qu’importe, car finalement le bénéfice est le même pour tous.
Le running se pratique avec les jambes, mais aussi avec la tête. Si le corps est capable d’accomplir de grandes choses, que dire alors du pouvoir de l’esprit. En véritable chef d’orchestre, c’est le cerveau qui rythme la foulée et peut même le cas échéant se substituer au corps quand celui-ci vient à lâcher.
L’esprit du coureur puise ses forces dans l’accomplissement, dans l’atteinte des objectifs personnels mais aussi dans le simple fait de courir. Comme électrisé, le corps est parfois envahi d’un frisson qui frappe de part en part. Tout devient facile, le poids de la fatigue s’évanouit. S’instaure alors une forme de plénitude inexplicable, le sentiment que rien ne peut plus vous arriver.
Ce bref moment de grâce, voilà après quoi nous courons quotidiennement. Sous l’emprise des endorphines l’esprit semble flotter au dessus du corps, les sensations sont décuplées, courir devient facile. C’est donc ça le grand frisson de la course à pied.