Depuis le début de l’année, mes entraînements ont changé, je n’ai plus la même façon d’aborder mes sorties. J’arrive à retrouver beaucoup plus de plaisir et à entrer de nouveau dans cette fameuse zone de méditation depuis si longtemps oubliée.
L’Eco-Trail de Paris était pour moi la première course de l’année, l’occasion de voir où j’en étais avant de m’orienter vers la montagne durant l’été. Les entraînements se sont bien passés dans l’ensemble, j’ai découvert de nouvelles façons de me « mettre la race ».
La confiance réciproque avec mon entraîneur fait beaucoup à ce renouveau. Des petites tensions sont apparues en fin de préparation mais grâce à Hyperice, la récupération s’est faite plus vite et cela m’a aidé à guérir plus rapidement. Un produit naturel et efficace. Le froid est bien la meilleure des solutions.
Depuis l’arrivée de ma princesse, les nuits sont plus difficiles, surtout les premiers jours, avec des nuits blanches et d’autres très courtes. Malgré cela, le bonheur reste entier et ce sera la meilleure de mes motivations. Mon autre princesse, comme à son habitude, a fait preuve d’un grand courage. Nous formons une belle équipe.
Mon récit de l’Eco-Trail 2015
Afin de ne pas laisser la famille trop longtemps toute seule, j’ai décidé de prendre le train pour Paris le jour même. Le trajet de Lyon est assez rapide. Aurélien mon pote m’attend à la gare, pour la première fois, il fera mon assistance sur la course. Nous avons 2h devant nous avant le départ. Pas trop de bouchons, ça roule bien pour sortir de Paris. J’arrive à voir Olivier, mon manager, qui sera lui aussi présent sur le parcours. J’échange rapidement avec Erik. Je pars m’échauffer légèrement.
Le départ est rapide, je me mets dans le groupe de tête. Autour de moi, je vois notamment Erik, Manu et Fabien. Nous tournons vite sur cette première portion dans le parc. Je reste un peu devant en prenant le rythme du groupe. Ensuite, je m’écarte et me retrouve seul apres quelques kilomètres… Je ne comptais pas faire cela même si je voulais prendre un départ rapide, comme j’aime le faire. Je souhaite réaliser ma course aux sensations. Je ne sais pas si je vais trop vite et si je tiendrai jusqu’au bout mais ce n’est pas ma priorité. L’important est de prendre du plaisir et d’être dans ma bulle.
Les kilomètres s’enchaînent, je suis toujours devant avant le premier ravito qui est à 23 kilomètres. Jusqu’ici, peu de bosses à part quelques relances. Je m’arrête vite fait au ravito sans connaître les écarts, un changement de gourde et je prends deux gels, pas plus. Je repars pour la première vraie bosse, je suis étonné par le parcours. Que du chemin et très peu de route, c’est vraiment atypique malgré le pic de pollution.
A la poursuite du balisage
Une fois n’est pas coutume, après cette montée et une petite relance, je me rends compte de l’absence de rubalise. Comme parfois elles étaient assez espacées, je persiste à aller de l’avant, jusqu’à ce qu’à une intersection je ne trouve aucun signaleur… Je sais à ce moment là que je me suis perdu. Je décide de retourner sur mes pas en accélérant le rythme. Après plus d’un kilomètre je vois la fameuse bifurcation qu’il fallait prendre.
Je continue alors sur le bon chemin et je croise de nouveau Laurent qui réalisera un magnifique reportage. Son entrain m’aidera à m’accrocher. A ce moment là, on m’annonce 7ème avec plusieurs minutes de retard alors que j’en avais 2 d’avance. Sans m’affoler, j’essaie alors de visser un peu et de reprendre quelques places. Je sais qui est devant, une fois remonté à la troisième place, je décide de gérer ma course et de laisser venir. Ce sera au mental et à la sensation. Au fil des courses je vois une amélioration. Je reste dans mon monde.
Au deuxième ravito, je remplis ma flasque d’eau et je repars. Je n’ai plus de gel et le ravitaillement perso est impossible. Je continue ma route vers la capitale. Après plusieurs bornes, je vois mes principaux supporters, Olivier et Aurélien. Je ne peux prendre aucun gel ou boisson.. Le ravitaillement est impossible ! Je continue en espérant ne pas me prendre une hypo jusqu’au prochain point.
Après plusieurs kilomètres j’aperçois Fabien en difficulté, ca me rassure car en augmentant le rythme j’ai laissé pas mal d’énergie. En sa compagnie, le parcours semble moins long, c’est cool pour moi de faire une partie du trajet à ses côtés. Même si je ne le montre pas, je commence à être cramé et je sais que la fin se fera au mental. C’est ce qui permet de mieux avancer.
La Tour Eiffel n’est plus très loin
Je passe Fabien car c’est un peu plus difficile pour lui dans les bosses, mais il se refera la cerise plus tard. De mon côté j’essaie de limiter la casse. Je sais que Manu a déjà gagné mais je m’accroche comme je peux. Le dernier ravito est là, je souffre quand même avant le finish sur les quais. On m’informe que l’aiguillage vers les quais est mal indiqué. Malgré les conseils de Laurent d’Asics, je me paume quand même avec des coureurs du 50. On cherche sans trouver l’issue. Je repars et je vois alors que je suis repassé troisième.
Les quais sont interminables et j’essaie tant bien que mal de revenir sur Fabien. Petit à petit je reviens sur lui. Ca devient long mais la dame de fer se rapproche. Il reste alors quatre ou cinq kilomètres et je reviens sur lui pour la deuxième fois. Je reste un peu à ses côtés avant de continuer ma course devant. Je pense que ce fut aussi difficile pour l’un que pour l’autre. J’espère avoir l’occasion de courir de nouveau avec lui sur des prochaines courses. Quand on voit son palmarès, cela voudrait dire que je réalise un beau classement.
Il ne reste plus qu’une derniere épreuve, passer le Champ de Mars et réaliser l’ascension du premier étage de la Tour Eiffel. Je prends conscience de mon classement, je suis satisfait de ma course malgré mon manque d’attention concernant le balisage. Je suis ravi d’offrir cela à mes partenaires. Le soutien de mes deux princesses m’a permis de ne rien lâcher. J’avais inscrit sur chacune de mes mains leurs prénoms que j’embrassais tout au long de la course. Lorsque l’on est bien accompagné, tout roule dans la vie.
Je savoure encore cette deuxième place derrière un Manu une nouvelle fois imprenable, dominateur et plein d’expérience. J’espère pour lui que ce classement sera le même à la Western dans quelques mois. Maintenant place à la récupération et au travail avec plus de bosses pour les prochaines échéances.
Yoann Stuck
Photos © Olivier Gui / adidas