Le modèle souple et équilibré : méditerranéen
Très prisé des coureurs, ce modèle alimentaire privilégie les produits d’origine végétale (légumes et fruits, frais et secs) aux aliments d’origine animale. La consommation de poisson, fromage et yaourt (brebis, chèvre) reste quotidienne et importante. Le modèle des trois repas structurés dit « traditionnel » (petit-déjeuner, déjeuner et dîner) est présent et l’aspect « convivialité » préservé ! Aussi, les aliments privilégiés sont peu raffinés (céréales complètes, légumineuses…), ce qui participe à la haute densité micronutritionnelle des repas. Enfin, l’huile d’olive reste la « clé de voûte » de ce modèle.
Les principales qualités de ce modèle sont la diversité alimentaire, la richesse en fruits et légumes, fibres, et un apport d’acides gras de bonne qualité (mono et polysinsaturés : oméga 3, 6 et 9) aux vertus cardiovasculaires et métaboliques (poids, cholestérol, tension, diabète…).Ce mode alimentaire sert en quelque sorte de référence ! Les soupes, plats composés du terroir à base de légumes frais d‘hiver (poireaux, choux, carottes, céleris…) ou secs (haricots blancs, lentilles, pois cassés…) associés aux viandes ou poissons permettent de gastronomiser vos repas!
A l’inverse, alors que certains coureurs vont privilégier une alimentation plus ou moins raisonnable en quantité et qualité, privilégiant la diversité des groupes alimentaires, d’autres (c’est le cas plus souvent des vétérans) vont être très attentifs aux recommandations (notamment celles du Plan National Nutrition Santé PNNS), allant s’informer fréquemment sur les différents supports tels que revues spécialisées, web…. L’aspect micronutritionnel concernant la prévention par rapport au vieillissement et aux maladies chroniques (cardiovasculaires, cancers….) est assez présente.
Le modèle monotone et déséquilibré type occidental
Aussi, peut-on trouver des runners qui sont peu soucieux de ce qu’ils mangent, adoptant le modèle occidental, peu diversifié et varié, usant et abusant des plats cuisinés, de la restauration rapide, avec présence de grignotages et compulsions alimentaires le plus souvent. La faible place accordée aux aliments bienfaiteurs (fruits, légumes, céréales,…) libère la place à une sorte d’ « anarchie alimentaire » ! Très souvent, au fil des entraînements et des compétitions, la corrélation entre la diététique et la notion de performance prends de plus en plus d’importance : l’évolution se tourne naturellement vers un modèle plus structuré et « gagnant »!
Remarque sur les modèles cognitifs stricts et restrictifs
Enfin, l’orthorexie, du grec « orthos » et « orexis » signifiant respectivement « droit » et « appétit » est parfois retrouvée chez les coureurs et notamment les féminines. Il s’agit de « l’obsession extrême du bien-manger ». La souplesse est remplacée par la rigidité des paramètres qui trament leur alimentation : contrôle à longueur de journée, quantité très souvent pesée, binarité du comportement avec des aliments catégorisés « interdits » et absents des menus, les matières grasses (beurre, huile…), charcuteries grasses (rillettes, pâtés, saucisson…), fromages sont supprimés car faisant soi-disant prendre du poids, dévalorisant ainsi la représentation de la performance sportive ! … Dans ce cas précis, le comportement alimentaire fonctionne comme un système sur un mode à deux possibilités type feu rouge – feu vert (« Possible » ou « Pas possible »), empirique (« 100g et pas 110g, ») où la forme corporelle et/ou l’exigence d’un poids bas (ne correspondant pas forcément au poids de forme chez certain(e)s) sont très souvent l’objet central de la préoccupation de la personne concernée!
Une autre vision de l’alimentation retrouvée est la restriction alimentaire correspondant à des apports en-dessous des besoins réels visant simplement à atteindre un poids plus bas (la plupart du temps inférieur au poids de forme mais tout en restant acceptable avec un rapport masse maigre/masse grasse relativement correct !). Cela est avantageux dans la grande majorité des sports d’endurance (ultra…) et de ce fait sur la performance finale (chrono). Toute est une question de juste milieu !
En conclusion…
Il n’y a pas forcément un modèle mieux que l’autre, chaque athlète doit trouver sa voie diététique. L’objectif étant que chacun puisse « faire sa propre théorie à partir des autres théories » plus ou moins empiriques ! Répétons le fait que chaque coureur en nous est unique et que l’alimentation qui s’applique à une personne ne s’applique pas forcément pour le partenaire d’entraînement !
Sportivement.
Nicolas AUBINEAU
Diététicien Nutritionniste, D.U. Nutrition du Sport
E-mail : contact@nicolas-aubineau.com
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