3800m en natation, 180km à vélo et 42.195km à pied voilà mon repas pour le dernier dimanche de juillet.
Cela va être une grande et longue journée, aux environs de 09h30 d’effort.[do action= »retour-a-la-ligne »/]
La semaine de la compétition on cogite beaucoup, beaucoup trop sans doute. La semaine précédente j’ai divisé les entraînements par deux et encore par deux pour celle de la course, si bien que j’ai l’impression de ne plus rien faire et de tout perdre !
Comme toujours, la nuit avant la course, j’ai toujours la même hantise, celle de ne pas me réveiller et de rater le départ !
Quoiqu’il en soit, me voilà à 6h49 à 1′ du départ sur la plage artificielle du lac de Zurich. Pas trop de stress, je suis bien et comme toujours avant un événement, je me dis que cela va être une belle fête ! Un peu longue mais belle quand même !
C’est parti. Pendant plusieurs centaines de mètres c’est la bagarre . On prend des coups de partout. Mauvais moment mais pas de casse. A plus de 2500 nageurs il serait difficile que cela se passe autrement …
Je fais une natation normale, n’étant pas nageur de base les sensations sont difficiles à trouver. Particularité Suisse, il y a une sortie à l’australienne. C’est à dire qu’à mi-course nous sortons de l’eau, traversons une « île » de 30m et replongeons pour le deuxième tour.
200 à 300m avant de sortir, je commence à mémoriser ma transition : sortir, retirer la combi jusqu’au hanche, récupérer mon sac, me changer, jeter le sac et courir jusqu’au vélo. Je sors en 1h04’50. Je pensais faire 1′ voire 2′ de mieux … Je rentre 240ème et repars 220ème.
La partie cycliste, un « brevet » de 180km ! Je suis bien positionné sur mon vélo de chrono. Je ne fais plus qu’un avec ma machine. Cette union s’est faite à travers toutes les sorties, pas par tous les temps mais presque. Toutes ces séances, ces heures de selles passées à préparer cette course, LA course.
Je me sens vraiment bien je remonte des concurrents et me fais peu doubler. Je termine la première boucle (90km) en 2h27′ soit plus de 36km/h de moyenne. Désormais mon objectif sera de faire moins de 5h, sachant que je perdrai du temps dans la deuxième boucle. Les 180km avalés, je descends du vélo en 4h59’37. Le temps officiel sera 5h00’30 . Pas mal …
Je ne sais pas encore quelle est ma position, mais je suis étonné de voir si peu de vélos dans le parc. Je transite assez vite et en route pour le marathon.
Je sors du parc et je me retrouve avec Ian Borkel, professionnel Suisse, qui a déjà fait un tour (sur quatre). Les pros partent avant les amateurs ! Je prends naturellement sa foulée qui coïncide parfaitement avec la mienne. Nous avalons les kilomètres à 15km/h, il me demande de le relayer ce que je fais. Je passe au 10km en 40’24 … Trop rapide mais je suis bien. Dans une descente il accélère, me prend cinq mètres, me dit de le suivre ce que je ne fais pas. Je veux en garder sous la semelle.
A ce stade de la course, je suis sixième de ma catégorie, puis cinq. Les sept premiers sont qualifiés pour HAWAII, le championnat du monde. Je remonte progressivement. Le quatrième et le troisième sont à moins de 100m et je suis à la mi-course. Je me dis que je suis entrain de faire « quelque chose ». A l’entame du troisième tour la foulée n’est plus la même, j’ai des « fourmis » dans les doigts et au crâne. C’est un calvaire….je suis à six minutes au kilo….A chaque ravito je me rue sur tout ce qu’il y a : des gels énergétiques, fruits, du coca, eau, Tucs, etc… Je perds des places et un temps précieux.
A 1500m de l’arrivée, nouveau coup de bambou. Je suis scotché à la route. Deux gars de ma catégorie me passent et je suis incapable de m’accrocher, je les laisse filer. Je déroule, je finis comme je peux. Je n’ai plus que 300 mètres lorsque je sens une présence à mon épaule, je regarde le concurrent et constate qu’il a quatre bracelets (4 tours) comme moi et qu’il est de mon groupe d’âge. Je vais devoir sprinter pour une place après plus de 9h30 d’effort.
Nous rentrons sur l’aire d’arrivée et je libère le peu d’énergie qu’il me reste. J’arrive une seconde devant … On se congratule respectivement. C’est fini, c’est fait, je suis heureux d’avoir terminé .
Résultat : 9h32’33 (62ème sur 2790) et 8ème de ma catégorie à 12 secondes de la dernière place qualificative pour HAWAII…. Je ne ressens aucune amertume ou déception. Je me suis donné à fond, tant sur la course que lors des transitions. J’ai le sentiment du travail bien fait.
Attendons les résultats officiels et le banquet qui se dérouleront le lendemain. Place au ravito ! Pizza et brownies pour reprendre des forces et des calories ! Tous les concurrents arrivent et prennent place autour des grandes tables. Je ne reste pas assis trop longtemps, car je vais avoir du mal à me lever et à repartir….
Retour à l’hôtel, douche, repas et dodo…je me réveille dans la nuit, il est 2h26…Cela me fait « tilt », 2h26 comme 226km. Le nombre de kilomètres qu’il y a sur un IRONMAN ! Je me dis que c’est un signe (il faut bien se raccrocher à quelque chose !) et que ça va passer pour demain…
Le lendemain. Après le repas avec les participants, c’est parti pour la distribution des « slots » (dossards pour HAWAII). Les catégories se succèdent, les femmes, puis les hommes et enfin le groupe d’âge 40-44ans, le mien. Le suspens ne va pas durer longtemps, le speaker appelle le premier et celui-ci ne se manifeste pas. A ce moment là, je sais que c’est tout bon pour moi et que j’irai à HAWAII. On m’appelle, on me remet le collier de fleurs ainsi que le dossier d’inscription.
Il ne me reste plus qu’à bien récupérer et remettre la machine en route pour le 11 octobre. L’aventure continue….
Vincent Matton