Retour avec l’organisateur du Trail de la Vésubie, sur un week-end qui a beaucoup fait parler dans le petit monde du trail à l’occasion des championnats de France de la discipline.
Les championnats de France qui se déroulaient cette année à Saint-Martin-Vésubie (PACA) ont beaucoup fait parler pour des raisons pas tout à fait sportives : pour faire simple, Sylvain Court, installé en tête, s’est trouvé dépassé par un groupe de coureurs qui s’était trompé de chemin. Parmi eux, Nicolas Martin, qui sous le coup d’une pénalité a finalement attendu Sylvain Court pour franchir la ligne avant d’être classé second. Depuis, les critiques pleuvent. Nous avons donc contacté l’organisateur de l’épreuve, Pascal Thiriot, président d’Azur Organisation (Marathon Nice-Cannes, Prom’Classic, …)
Pascal Thiriot, quel bilan tirez-vous de ce week-end ?
« C’était un beau et long week-end de plus de 50h, puisque la locomotive c’était l’Ultra Trail Côte d’Azur Mercantour. Il a fait très chaud, très beau, et c’est important puisque c’est déjà 50% de la réussite d’un événement. Ce fut aussi une belle réussite grâce à l’implication des bénévoles et des communes traversées. Et puis nous avons eu un sacré plateau sur les championnats de France. Sur le trail court d’abord avec la victoire de Cédric Fleureton. Sur le long ensuite avec Sylvain Court qui confirme son titre de champion du monde. Pour nous, c’est très positif. »
Ce qui ressort pourtant de ce week-end, ce sont les discussions autour du balisage du trail long, qui a valu une belle pagaille aux avant-postes…
« C’est vrai. 24 coureurs ont fait une erreur de parcours. C’est même plus qu’une erreur. Je rappelle que le premier, Sylvain Court, avait 2 minutes d’avance et qu’il a bien suivi l’itinéraire. Derrière, un coureur du coin qui connaissait le parcours de l’an dernier a emmené avec lui tout un groupe dans le mauvais sens. Il fallait tourner à gauche, il a continué tout droit, ils ont suivi comme des moutons suivent le berger. Le groupe a couru 3 kilomètres sans apercevoir le moindre balisage, et visiblement sans se poser de questions. Je rappelle qu’on parle de trail, il faut quand-même regarder où on court. »
Certains ont dit qu’ils avaient été induits en erreur par un balisage datant de l’an dernier…
« Nous sommes allés voir sur place, on a pris des photos. Je veux bien qu’à un moment, il y ait un vieux coup de bombe ici ou là. Mais quand-même, sur 3 kilomètres c’est peu ! Je rappelle que le balisage était très serré, tous les 50 mètres, et que 99,9% des coureurs en ont été satisfaits. L’ultra est passé au même endroit plus tôt dans le week-end et personne ne s‘est trompé. Par ailleurs, j’ajoute que le coureur qui connaissait le parcours savait que ce chemin menait au ravito suivant, c’est pour ça que personne n’a fait demi-tour. Dans le cas contraire, ils se seraient posés la question. »
Les critiques ciblent aussi la gestion du problème juste après, lorsqu’il a fallu décider des sanctions infligées aux coureurs concernés. Cela a pris beaucoup de temps, et la décision fait encore parler… (10 minutes de pénalité pour les coureurs concernés)
« Sur cette partie-là, c’est la Fédé (la FFA) qui a pris la décision. Ils ont fait des calculs en estimant que Sylvain Court avait 2 minutes d’avance avant l’erreur de parcours, et 5 minutes de retard ensuite. Ils ont longuement hésité et ont finalement tranché en infligeant 10 minutes de pénalité aux coureurs en question, c’est toujours discutable. En ce qui me concerne, si j’avais eu à décider, c’est très clair, ils auraient été disqualifiés. Sur l’Ultra, un coureur s’est ravitaillé hors zone, il a été mis hors course, c’est simple. Après, je comprends que c’est dur comme décision pour les coureurs, et que la polémique aurait peut-être été encore plus forte. Bon, peut-être aussi qu’une disqualification aurait eu un impact sur la carrière de certains coureurs, ça je ne sais pas… En tout cas moi sur la course Open, je n’aurais pas hésité, c’est le règlement. »
Cela gâche un peu la fête non ?
« Oui c’est vrai, ça laisse un goût amer, surtout quand on organise les championnats de France. Mais autant on peut se reprocher une erreur parfois, autant là on n’a aucun reproche à se faire là-dessus. Et je le répète, le week-end a été beau malgré tout. »
Craignez-vous un impact négatif sur l’image de votre événement ?
« Non pas du tout. Si je regarde tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux, c’est surtout sur la Fédé que les gens tapent. La grande majorité des coureurs (ils étaient 2200 inscrits au total) est repartie très satisfaite, et c’est le principal. »
Merci Pascal Thiriot. Précisons qu’il ne s’agit en aucun cas d’un procès – puisque nous ne sommes pas juges – ni d’une vérité universelle – puisque nous ne sommes pas omniscients – mais bien d’une simple réponse de l’organisateur aux questions soulevées par un week-end qui a beaucoup fait parler.
Crédit photo : Yves-marie Quéméner