Globe Runners

Portrait de coureur : Martin Gaffuri le coureur entrepreneur

Finish TransvulcaniaEntrepreneur co-fondateur de Goodpeoplerun.com, Martin Gaffuri est aussi un coureur talentueux qui s’est illustré cette année en prenant la 4ème place du classement final du Skyrunning® World Series 2013 remporté par Kilian Jornet.

Il revient sur sa saison, nous livre quelques petits secrets et nous annonce surtout qu’il faudra compter sur lui pour 2014. [do action= »retour-a-la-ligne »/]

-Bonjour Martin, félicitations pour cette belle année de trail. Peux-tu nous dire ce que tu retiendras de ta saison 2013 ?

Salut Seb. Merci, ce fut effectivement un résultat inespéré lorsque je me suis lancé dans ce challenge. Je voulais simplement voir ce qu’un coureur « inconnu » comme moi pouvait faire face à des athlètes pro. Le résultat est encourageant.
J’en retiens de magnifiques rencontres. Le fait de participer à des courses du championnat du monde m’a donné l’occasion de découvrir beaucoup d’athlètes de pays différents, d’organisateurs ainsi que les dirigeants et créateurs de la fédération internationale de Skyrunning, Lauri et Marino. Ce sont des gens formidables et à qui nous devons une promotion et un accès plus facile à ces courses de Skyrunning si atypiques.

-En 2014 tu vises le podium ou tu as d’autres projets ?

Je viens d’intégrer le Team New Balance France, grâce à mes résultats de cette saison. J’en suis honoré et je suis super excité à l’idée de retrouver cet état d’esprit d’équipe en compétition que j’avais perdu depuis mes années en cross.
Je suis toujours dans l’attente du calendrier de la coupe du monde Sky et Ultra pour savoir s’il est possible de jouer sur les deux tableaux. Une chose est sûre, le Skyrunning restera ma priorité pour la saison prochaine.
Pour les objectifs, c’est simple. J’ai passé un coup de fil à Kilian et je lui ai dit qu’il fallait qu’il arrête le trail pour finir sa carrière en beauté car l’année prochaine, je serai devant… haha !
Je vais surtout donner le meilleur de moi même, comme à  mon habitude, mais je ne perdrai pas de vue que c’est avant tout pour moi l’opportunité de découvrir de nouvelles montagnes, de nouvelles courses et rencontrer ou retrouver les athlètes du circuit mondial de Skyrunning. Je ne veux pas brûler les étapes, je suis encore un jeune padawan dans ce monde du haut niveau.

-La course à pied est en passe de devenir un sport collectif, c’est un peu grâce à toi, non ?

Ah c’est gentil, mais ce serait sacrément prétentieux de prétendre que je suis seul à l’origine de la pratique du running en groupe !
Certes nous avons été les premiers à pousser cette pratique et offrir un service pour faciliter les sorties en groupe entre coureurs locaux en proposant Goodpeoplerun.com, mais ce besoin est ancré dans les gènes de chaque coureur.
Pour ceux qui peuvent lire l’anglais, voici l’article qui a guidé le projet Goodpeoplerun.com. Il explique pourquoi il est physiquement bénéfique pour les coureurs de pratiquer ensemble, qu’ils soient débutants ou bien compétitifs.

-Très sympa cette nouvelle version de GoodPeopleRun, comment envisages-tu l’avenir pour le site ? Quelles sont les perspectives ?

Merci à toux ceux qui nous ont fait des retours positifs et à nos ambassadeurs qui nous ont permis de produire cette nouvelle version. Un gros boulot a été abattu par Olivier (développeur et associé), et la liste des tâches pour l’avenir est très excitante.
Simplement on ne peut se précipiter à vouloir tout faire sans que cela ait une cohérence pour nos utilisateurs. Une chose est sûre, quelques partenariats sont en discussion et ça augure de très bonnes choses pour 2014 J. Stay tuned !

-Etre à la tête du réseau social le plus influant après Facebook, ça doit être beaucoup de pression, non ? Pas trop la grosse tête ?

J’ai essayé de racheter les maisons de mes voisins pour avoir la paix mais ils demandaient trop cher !!
Là encore, il faut bien préciser que je ne suis pas le seul à mener la barque. Tim et Olivier mes deux associés bossent autant que moi sur ce projet. Ensuite c’est l’aide précieuse des ambassadeurs qui sont la voix et le visage de GPR dans leurs villes respectives, et enfin le soutien indispensable de grandes marques comme New Balance, Isostar et Compressport qui ont permis à Goodpeoplerun.com d’offrir  la possibilité à 23 000 coureurs de tous niveaux d’organiser ensemble des sorties en groupe.
Finalement l’entrepreneuriat c’est comme la course à pied, à plusieurs c’est meilleur et un peu de pression ne nuit pas aux résultats !

-Entrepreneur, coureur, tu as une vie bien remplie, comment fais tu pour gérer les deux ?

J’ai un clone qui bosse pour moi …
Plus sérieusement, j’ai besoin de ces challenges au quotidien pour avoir l’impression d’avancer. Certes il y a des moments de galère où on se laisse rêver à une vie bien tranquille de salarié, mais les bons moments font toujours pencher la balance dans le bon sens.
La course à pied me prend un certain nombre d’heures par semaine, certes, mais c’est également un bon moyen de prendre du recul et d’équilibrer ma vie.
Je la pratique en compétition car c’est mon état d’esprit. J’ai besoin de me fixer des objectifs, de me comparer aux autres pour me motiver et pouvoir vivre ces petits moments magiques de passer la ligne d’arrivée en ayant donné le meilleur de moi même. Je ne connais aucune autre situation qui me procure un tel sentiment d’accomplissement.

-A quoi penses-tu quand ça devient difficile en course ?

A la bière que je vais pouvoir boire à l’arrivée ! Plus sérieusement, j’essaye justement de ne penser à rien. Le mental a un tel influx sur le physique que si on commence à se poser des questions, on bouffe une énergie folle.
Mes quelques « tricks », c’est de chercher un repère loin devant et de me dire « tu cours jusqu’à cet arbre » jusqu’à l’atteindre, puis j’en choisi un autre et re-belotte. Le mieux est de trouver un coureur. C’est encore plus motivant de s’accrocher à quelqu’un.
Enfin, quand rien de tout ça ne fonctionne, je fais ce qu’une personne chère m’a dit « cours avec ton cœur ». Je me suis posé quelques fois la question « Mais qu’est-ce que je fous là ? » et en répondant avec mon cœur la réponse vient naturellement « parce que j’aime la course à pied, que ça fait partie de moi et que ça me définit. Alors je souris, me rappelle que j’ai beaucoup de chance de pouvoir faire ce que je fais et je relance la machine ! »
ça peut paraître super fleur bleu ou hippie mais il s’avère que ça fonctionne pour moi. Car il faut bien l’admettre, courir 100 bornes en haute montagne, il n’y a rien de rationnel là dedans !

-Tu as envie d’ajouter quelque chose en rapport avec la course, l’actualité ou autre ? Tu as carte blanche pour cette dernière question qui n’en est pas une !

Un fait que j’ai remarqué dans l’ultra après les courses que j’ai pu faire cette année, et en suivant de loin le championnat de France à Gap puis les Templiers.
Il ne sera plus possible d’être performant en ultra en passant du temps à courir dans les montagnes. Séances de VMA et plans d’entrainements structurés étaient déjà un passage obligé cette année pour pouvoir aspirer aux premières places et ce n’est que le début.
C’est le résultat de la croissance de notre sport impliquant l’arrivée de sponsors, de plus d’argent et de meilleurs coureurs. Je trouve que c’est donc une très bonne chose et je suis motivé pour aller me battre aux avants postes sous les couleurs de New Balance.

Ah et aussi une petite déclaration : A poils les marmottes !

Merci Martin !

Propos recueillis par Sébastien Réby 
Exit mobile version