Trois filières énergétiques, procédés permettant aux muscles de renouveler leur énergie, sont mises au centre de la préparation athlétique des footballeurs professionnels. Elles permettent de développer leur endurance exactement comme cela pourrait être fait en course à pied.
En moyenne, un joueur de football parcourt entre 8 et 10 kilomètres par match, en 90 minutes. Ce chronomètre n’a rien d’impressionnant à première vue. Mais la particularité et la difficulté du football réside dans la variété des efforts à fournir : maintenir un rythme constant durant l’intégralité de la rencontre, qui se retrouve souvent entrecoupée par plusieurs efforts intenses, avec parfois des temps de récupération très limités entre chaque course. C’est pour cette raison que la préparation physique et athlétique d’un footballeur réside dans un entraînement varié qui peut être adapté aux runners, de ce que l’on appelle les trois filières énergétiques.
Trois procédés créateurs d’énergie
Les muscles disposent de trois manières différentes de renouveler leur énergie. Ces procédés sont appelés filières énergétiques.
La première filière, nommée aérobie, est la capacité pour un athlète de maintenir un effort d’une même intensité sur une longue durée. C’est celle qui permet à un joueur de se positionner tout le long du match et de tenir un rythme constant et endurant.
L’anaérobie alactique se résume dans l’explosivité du footballeur, ou la capacité de son corps à déclencher énormément d’énergie sur une courte période, comme lors d’un sprint vers le but ou au moment d’une contre-attaque.
Enfin, la dernière filière, l’anaérobie lactique réside dans la capacité à répéter plusieurs efforts intenses avec un temps de récupération limité, comme lorsqu’une équipe doit faire face à plusieurs offensives adverses d’affilée.
D’un point de vue plus scientifique, chaque filière utilise des matières premières différentes pour que le muscle puisse renouveler son énergie (oxygène, sucres, graisses, phosphocréatine, etc.).
Un travail adapté pour chaque filière
Comme l’expliquent les experts du Centre Médical de Clairefontaine, lieu d’entraînement des sélections françaises, les trois filières se mettent en route dès le début de l’effort mais avec des dominantes en fonction du temps. Ainsi, la plupart des préparateurs physiques dans les clubs ou sélections de football tient à mettre en place des exercices et séances adaptées pour couvrir pleinement chacun de ces procédés.
Pour travailler la filière aérobie, il est préférable de favoriser des exercices d’endurance (plusieurs minutes d’affilée), ayant pour but d’améliorer l’aptitude de l’organisme à extraire et utiliser l’oxygène pour le transformer en énergie. L’effort doit être maintenu et intensifié jusqu’au seuil où la respiration a atteint son maximum, communément appelé VMA (Vitesse Maximale Aérobie). Plus la VMA est développée, plus le joueur a la capacité de tenir un effort sur une longue durée.
A l’inverse, pour développer son anaérobie alactique, l’idéal est de dépasser ce seuil de VMA. Il faut alors plutôt favoriser les courts travaux de vitesse intense avec des périodes de récupération suffisamment longues.
Enfin, l’anaérobie lactique se travaille via des courses fractionnées et exercices de type fartlek, avec des efforts intenses répétés, entrecoupés par des moments de récupération active.
Une préparation qui fait la différence
Le travail autour de ces trois procédés est l’un des aspects mis en avant par Cyril Moine, préparateur physique de l’Équipe de France. Aujourd’hui, la victoire des Champions du monde français au prochain Euro cet été est cotée à 6 sur le site Betway Paris Sportif (chiffres du 7 janvier 2020). Ce statut de favori, en dehors de l’aspect tactique et footballistique, est en grande partie dû au fait que les Bleus sont capables de maîtriser leurs efforts intelligemment.
A titre d’exemple, selon les chiffres officiels de la FIFA, lors du 8e de finale de la Coupe du monde 2018 remporté par la France face à l’Argentine, Antoine Griezmann a parcouru 8,95 km en 85 minutes de jeu (entrecoupés par 35 sprints). L’endurance impressionnante de l’attaquant et sa capacité à récupérer rapidement auront fait de lui l’un des joueurs français les plus indispensables tout au long de la compétition.
En comparaison, Kylian Mbappé a su gérer ses efforts différemment : contre l’Argentine, il est le joueur de champ qui a parcouru le moins de kilomètres (marchant 81% du temps) et effectué uniquement 26 sprints. Pourtant, il a inscrit un doublé. Sa stratégie résidait dans le fait qu’il profitait d’un temps de récupération plus long pour favoriser des courses très efficaces et beaucoup plus rapides que ses adversaires.
⚡ Kylian Mbappé a été flashé à 37 km/h sur le sprint qui amène au penalty transformé par Antoine Griezmann https://t.co/zzc7mXJEkb pic.twitter.com/Yg39llt9lu
— L’ÉQUIPE (@lequipe) June 30, 2018
En résumé, la préparation physique de tout athlète, que ce soit un footballeur ou autre, se doit d’être complète en exploitant chacune des trois filières énergétiques afin d’assurer une optimisation de ses performances et de sa capacité de récupération.