Les épreuves de course à pied réservées aux femmes, et donc interdites aux hommes, se multiplient dans l’hexagone. Une tendance inquiétante qui pose question et remet en cause l’universalité d’un sport rassembleur et ouvert à tous. C’est le débat lancé aujourd’hui par Mélanie, notre rédactrice d’un jour.
La course à pied évolue à la vitesse grand V… Rendez-vous compte qu’il y a encore quarante ans, il était parfaitement inconcevable de courir à l’extérieur d’un stade et encore moins si l’on était une femme. Si comme moi, vous n’étiez pas là pour le constater, je vous recommande vivement le documentaire Free to Run qui vient tout juste de sortir en DVD.
Une autre révolution plus discrète, mais aussi importante, a eu lieu plus récemment : Le concept émergeant de la course plaisir, de la course bien être, sans aucune velléité compétitrice. Car il y a encore 15 ans, la plupart des coureurs (et les rares coureuses) galopaient avant tout au nom de la performance.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! La performance est bien entendue compatible avec plaisir, bien-être et partage. Cependant, il est indéniable que l’esprit de compétition est plus largement répandu chez nos homologues masculins, et cela explique très certainement pourquoi jusqu’ici si peu de femmes s’inscrivaient aux courses officielles.
Quand le running s’ouvre au monde
Dorénavant, on court pour le plaisir et on s’inscrit à des courses pour de nombreuses raisons, la performance est même parfois relayée aux oubliettes, au profit d’un moment plus convivial, plus festif. Et cela est valable pour les femmes autant que pour les hommes.
Il n’est pas sans dire que tous ces changements bouleversent le petit monde des épreuves « hors stade ». L’offre en matière de courses s’adapte à ces néo-runners et à leur nouvelle manière d’aborder la pratique du running. Preuve en est, de nombreux évènements proposent désormais plusieurs distances, plusieurs types de courses (courses à obstacles, courses sans chronomètre ni classement, courses déguisées …).
Certains organisateurs relaient carrément l’effort physique au second plan. Par exemple, on s’inscrit à la Color Run avant tout pour le « fun ».
Et la course à pied en compétition, qui était jusqu’alors plutôt réservée aux sportifs confirmés, s’ouvre désormais à tous. Et comme le dit si bien un de mes proverbes préférés : Plus on est de fous, plus on rit ! Pensez-vous sincèrement qu’il serait possible de boucler les Champs Elysées un dimanche pour seulement 87 coureurs (Nombres de participants enregistrés en 1977 au marathon de Paris) ?
En résumé, n’importe qui peut désormais prendre part à n’importe quel évènement. Mais, vous vous en doutez, il existe des exceptions à cette règle :
On ne remettra pas en cause le fait que les courses les plus populaires doivent mettre en place un système de sélection pour contenir le nombre de participants. Simple rançon de la gloire, non ?
La mixité remise en cause
Un type d’exception semble plus discutable, c’est celui des courses 100% féminines (donc interdites aux hommes). Ces courses proposent effectivement des programmes plutôt adaptés à un public féminin (Féministes, passez votre chemin !) et laissent entendre aux participantes qu’elles seront bien mieux entre filles. On trouve parmi les arguments avancés par les organisateurs :
- Le fait que ces courses sont ouvertes à tous les niveaux : Ceci est également le cas pour les courses mixtes, et heureusement pour nos amis débutants.
- Le fait que ces courses sont à l’abri des moqueries : Laissez-moi vous dire que j’en doute fortement. Les participantes ne sont pas à l’abri d’un spectateur moqueur (Le même qui crie « Allez, plus vite » au Kilomètre 30 d’un marathon mais qui n’a jamais chaussé une paire de running de sa vie).
- Le fait que les femmes ne sont pas en minorité et donc plus à l’aise. Argument qui ne tient malheureusement plus la route, certaines courses enregistrent dorénavant davantage de participantes que de participants.
Une fois balayés ces arguments, il apparaît clairement que ces courses interdites aux hommes ne font qu’aller à l’encontre de l’élan général de notre société qui tend vers plus de mixité, plus de parité. Il n’y a rien de plus sympathique, rien de plus émouvant que de voir autant de monde se rassembler le weekend dans la bonne humeur, rien que pour le plaisir de courir : Que l’on soit jeune ou moins jeune, seul ou en groupe, femme ou homme, en bonne santé ou bien handicapé, sportif confirmé ou grand débutant… et ceci n’est possible que si les courses officielles restent ouvertes à tous !
Mélanie
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