Vous y pensez toute la journée au boulot ? Une course ratée vous met la tête au fond du seau pendant des jours ? Vos enfants n’ont pas de goûter parce que vous avez claqué tout votre salaire dans la dernière montre qui fait tout ? Allez, respirez un bon coup, regardez autour de vous : il n’y a pas que la course à pied dans la vie !
Bien sûr que c’est un formidable échappatoire. Un boulot pas passionnant ? Un couple qui part en quenouille ? Des soucis par-dessus la tête ? Hop, on chausse les baskets et vogue la galère.
Nous avons tous nos raisons qui nous mènent jusqu’aux sentiers -plus ou moins longs- de la course à pied, sous toutes ses formes. Certaines plus saines que les autres mais peu importe, la course à pied est bonne pour votre santé et même celle de votre entourage quand elle est bien dosée. Le problème, c’est quand on pousse le plaisir jusqu’au vice.
Quand toute votre vie tourne autour de la course à pied
Vous connaissez tous quelqu’un dans votre entourage qui y pense sans arrêt, construit sa vie autour d’elle et fait tous les sacrifices, humains et financiers. La course à pied peut vite devenir une maîtresse envahissante, jusqu’à vous dévorer. Comment en vouloir au coureur éperdument amoureux ? La course est un espace de liberté, au moins en apparence. Dans une société où tout est contrôlé, mesuré et calibré pour vous, vous pouvez enfin vous échapper.
Mais gare à ne pas oublier le réel, qui finit toujours par pointer le bout de son nez. Il y a parait-il quelques signes pour détecter l’addiction au running : négliger sa vie de famille/de couple, mettre ses comptes dans le rouge pour partir se mettre au vert, refuser systématiquement la moindre sortie pour mieux préparer sa course…
Sans doute faut-il accepter de se poser la question de temps en temps, parce qu’on a toujours tendance à être dans le déni. Bien sûr, nous avons tous à un moment donné mis un coup de collier pour préparer une course, « No pain no gain » qu’ils disaient.
Mais lorsque cela devient excessif, et quotidien, alors là, je dis danger mon bon monsieur, ma bonne dame. Si vous basez toute votre vie autour de la course à pied, que vous restera-t-il le jour où vous allez vous blesser ?
Tout nous encourage à tomber dans l’excès
Les marques font de la course à pied un mode de vie. Vos collègues, lorsque vous évoquez votre course du week-end, vous répondent « mais t’as déjà fait ce truc autour à la réunion toi, la Diagonale des fous ? » Bref, si vous êtes un « routard », il faut aller plus vite, si vous êtes un traileur, il faut aller plus loin.
C’est la course à l’échalote, à ce jeu certains vont y laisser genoux et lombaires mais après tout notre société repose là-dessus : il faut toujours plus. De croissance, de chiffre d’affaire, de taille d’écran sur ma télé, de pixels, que sais-je encore…
Soyons honnêtes tout de suite puisqu’on est entre nous : plus de 90% des coureurs ne gagneront jamais une course, il y a donc neuf chances sur dix que vous soyez concernés. Alors autant un sportif de haut niveau qui se saigne pour aller aux J-O, cela peut s’entendre d’une certaine façon. Mais le brave coureur qui sacrifie absolument tout dans sa vie pour terminer 120ème sur 600 participants, là j’ai comme un doute.
Entendons nous bien, il ne s’agit surtout pas de dévaloriser le travail et les efforts de ceux qui suent pour progresser, j’en fais partie à mon modeste niveau. Donner tout ce qu’on peut, c’est bien mais sans sacrifier tout ce que l’on a, c’est mieux.
La plus importante des choses secondaires ?
J’aime beaucoup cette phrase : « La course à pied est la plus importante des choses secondaires ». Je ne sais pas de qui elle vient. Sans doute pas de Napoléon, ni de Victor Hugo. Encore moins de Churchill qui se contentait sobrement d’un « No sport ». Mais elle résume assez bien la philosophie de cet article, bien que le terme « philosophie » soit très largement galvaudé.
Ralentissez. N’hésitez pas à sauter une séance à l’occasion un dimanche matin pour une sortie en famille. Ouvrez-vous à d’autres loisirs pour varier les plaisirs. Allez donc boire ce verre avec cet ancien collègue qui vous tanne depuis des semaines. Mangez le, ce vieux cantal qui vous fait du pied (Oui, cantal, pied, l’association d’idées pique le nez).
Et vous vous surprendrez peut-être à vous trouver plus frais physiquement, mentalement. Cela vous permettra peut-être même de progresser alors que vous stagnez depuis des mois. Et si ce n’est pas le cas, est-ce que c’est si grave, franchement ?