Cette ancienne rameuse de niveau international est une femme dynamique qui a su réussir sa reconversion. Devenue une traileuse accomplie, Caroline est également une femme qui entreprend. A travers la société qu’elle a lancé voilà plusieurs années maintenant, elle propose et organise des stages de trail. Ce projet est né de sa passion pour le milieu montagnard et de l’envie de le partager avec le plus grand nombre. Caroline a des envies plein la tête et ne compte pas s’arrêter là. Pour Globe Runners elle a accepté de répondre à quelques questions. [do action= »retour-a-la-ligne »/]
Interview de Caroline Freslon-Bette
Caroline, qui es-tu en quelques mots ?
Salut, je suis donc Caro ! J’ai 34 ans, passionnée de montagne et de sport, j’aime vivre à 200% et à 300km/h, ce qui n’est pas toujours de tout repos pour mon entourage. Je suis accompagnatrice en montagne et gérante de mon entreprise, 5eme ELEMENT qui organise des stages trail en montagne et des séminaires d’entreprise depuis 4 ans maintenant.
Tu as été pendant 10 ans en équipe nationale d’Aviron. Qu’en retiens-tu ?
J’en retiens tellement de choses ! Au-delà de l’équipe de France, ce sport m’a bercé et construit depuis ma plus tendre enfance ! Et oui pour moi l’aviron, c’est une histoire de famille : mon grand-père faisait déjà de l’aviron ainsi que de nombreux membres de ma famille (une vingtaine !) dont mon père et mon oncle qui ont participé aux JO de Tokyo (64) et de Mexico (68). On peut dire que j’ai vadrouillé sur tous les bassins de France et du monde depuis ma naissance…
Quant à ma carrière en bleu blanc rouge, elle a forgé mon caractère, m’a appris à ne jamais baisser les bras et à travailler dur pour atteindre un objectif. En effet, je ramais dans la catégorie poids légers, ce qui me contraignait à perdre chaque année une dizaine de kg pour passer la pesée… Au-delà des entraînements (10 par semaine en moyenne), c’était aussi tout le quotidien qui était rythmé par les régimes et une hygiène de vie quasi monacale pour apprendre à dompter la faim et la soif … Alors forcément … Lorsqu’on est au départ de la course, on sait pourquoi on est là ! Tout ça me sert énormément aujourd’hui aussi bien dans le sport que dans la vie.
Pourquoi et comment es-tu venue au trail ? au Raid ? En venant d’un sport plus lié à l’eau qu’à la montagne …
La passerelle est assez évidente. J’aime le sport, j’aime l’effort et je suis passionnée de montagne… Avec tous ces ingrédients la bascule était facile ! D’autant plus facile qu’après l’aviron, un copain m’a directement embarqué dans l’aventure des raids et du trail (Laurent Valette – qui vient de boucler le Norseman – pour ne pas le citer). Un jour, il m’a dit « toi, tu vas faire la Saintélyon avec moi ». Je n’avais jamais fait plus de 3 fois le tour du parc de la Tête d’Or à Lyon – 14km de plat – et me voilà inscrite à un 65km de nuit ! Résultat, je suis partie la fleur au fusil, avec une vieille paire de chaussures et je termine en 6H35 sur le podium féminin, quelques minutes derrière Brigitte Bec, championne du monde de 100km et Corinne Favre… Je n’en revenais pas, j’étais cuite, j’avais perdu tous mes ongles de doigts de pieds … mais l’affaire était lancée !
Tes résultats en trail et en raid sont à la hauteur de ceux que tu avais en Aviron. Comment expliques-tu cela ?
Mes résultats ? Difficile de comparer des résultats en trail et en aviron… Pour moi, l’objectif en aviron, c’était la performance physique couplée à une recherche de la perfection technique du geste. Un travail minutieux, consciencieux et un entraînement parfois contraignant. S’entraîner 2 fois par jour, en hiver ou lorsque les conditions sont difficiles, ce n’est pas toujours rose ! Aujourd’hui, j’ai atteint mes objectifs dans ce sport et je suis passée à autre chose. Le haut niveau et ses exigences sont derrière moi.
Je pratique le trail d’abord parce que c’est un moyen d’aller en montagne et de profiter pleinement des paysages qui m’entourent. J’aime les sorties, seule ou avec les copains, avec un sac et le pique nique, tout autant que les courses avec un dossard !
Après, c’est évident que lorsque je m’aligne à une course, j’essaie de tout donner, à l’image de la compétitrice que j’étais en aviron. On ne se refait pas !
Quand et comment est né le projet 5ème élément ? Pourquoi ce nom ? Quel en était l’objectif initial ?
Rien à voir avec le film 😉 5eme ELEMENT c’est l’Homme dans les 4 éléments naturels : l’eau, l’air, la terre, le feu. Pour moi nous faisons partie de la Nature et nous devons nous y intégrer de façon intelligente, ce qui n’est pas évident pour tout le monde …
Ce projet est né au fil du temps. J’ai l’esprit d’entreprise et j’ai toujours voulu être libre de mes choix, alors après 7 ans d’études après le BAC, j’ai passé mon diplôme d’accompagnatrice en montagne (seuls les accompagnateurs en montagne et les guides de haute montagne ont le droit d’encadrer du trail en montagne) pour proposer des stages de trail. L’idée était de faire partager ma passion du sport et de la montagne, mes connaissances dans le domaine de la préparation physique et de la nutrition et de faire découvrir des spots de trail qui sortent des sentiers battus … Je crois que mon pari est aujourd’hui réussi car 5eme ELEMENT connait un succès grandissant et beaucoup de mes clients reviennent chaque année avec le sourire aux lèvres. Pour moi, ça n’a pas de prix !
A qui s’adressent ces stages ? Peut-on y aller quelque-soit son niveau ?
Les stages s’adressent à toutes les personnes qui ont envie de découvrir le trail en montagne ou qui ont envie d’aller un peu plus loin dans leur connaissance de la pratique pour progresser. Nous proposons des stages trail pour tous les niveaux. Cela va de l’initiation, où on apprend les bases techniques et une première approche du milieu spécifique montagne (comment gérer le dénivelé, les changements météo, la technicité des sentiers etc), au stage de perfectionnement : ici on va un peu plus loin dans les thèmes abordés : comment structurer son entraînement, comment éviter les blessures, quels conseils nutrition etc … en passant par les reconnaissances de courses (UTMB®, Marathon du Mont Blanc, Maxirace ®, CCC® pour ne citer qu’elles).
Connaissais-tu auparavant les sportifs de haut niveau qui encadrent les stages ? Pourquoi eux ?
Depuis quelques années, je travaille plus particulièrement avec Sébastien CHAIGNEAU, Julien CHORIER et Jules-Henri GABIOUD, avant tout parce que ce sont des gens compétents, qui ont le sens du partage et qui ont la même vision du trail que moi. Ce sont aussi des amis en dehors du travail et c’est un vrai plaisir de pouvoir collaborer avec des personnes que l’on apprécie, qui ont des valeurs et en qui je peux avoir entière confiance. Je sais qu’ils feront tout pour que les stages se passent bien et que nos clients soient satisfaits !
Les spots, plutôt montagneux, permettent-t-ils des stages toute l’année ?
Ce qui est bien avec la montagne, c’est qu’il faut composer avec ! C’est elle qui décide. Alors on propose 2 stages trail blancs dans l’hiver mais le gros de la saison commence mi-avril jusqu’à fin septembre lorsque la neige a fondu et que le terrain de jeu s’élargit pour profiter des plus beaux sommets !
5ème élèment dépasse déjà le cadre du trail (Rando, Alpinisme…). D’autres projets à venir ?
Des projets il y en a plein ! Le plus délicat est de faire des choix. L’année prochaine, l’accent sera mis sur un élargissement du catalogue des stages trail pour proposer encore plus d’aventures à nos clients.
Une tête bien faite dans un corps d’athlète de haut niveau : une chance ?
Je vais finir par rougir ! Athlète de haut niveau, ça c’était avant ! Je dirai que le sport en général aide pour beaucoup de choses : apprendre à faire des choix de vie, à mettre des priorités et se fixer des objectifs et à canaliser son énergie. C’est valable dans le boulot comme dans la vie de tous les jours. Ce n’est pas une question de chance, c’est quelque-chose qui se construit au fil du temps. Et puis j’ai l’habitude de dire « la chance, c’est comme le bonheur, ça se provoque ! »
Qu’aurais-tu fait si ton physique ne t’avait pas permis de vivre de ta passion pour l’outdoor ?
Ce jour arrivera ! donc j’anticipe déjà le futur et je fais en sorte de pouvoir continuer à travailler dans ce milieu. Je m’entoure des bonnes personnes, qui pourront prendre ma place sur le terrain quand je ne pourrai plus le faire moi-même, mais pas de panique, ce jour là n’est pas encore arrivé !! elle est coriace la Caro 😉
Tu as déjà beaucoup gagné, ton travail fait office de passion, après quoi cours-tu maintenant quand tu mets un dossard ?
Aujourd’hui, j’aime mettre un dossard sur les courses car c’est l’occasion de revoir les copains, de découvrir des lieux qu’on n’aurait sans doute jamais connu autrement (ex : Madère cette année). Et puis, j’aime bien me mettre dans le rouge de temps en temps et me donner à fond ! Le trail, c’est un véritable moyen de mieux se connaître, d’aller explorer ses propres limites et de voir qu’on peut les repousser.
Tes futures conquêtes sportives ?
L’objectif principal cette année, c’est la GORETEX TRANSALPINE RUN. C’est une course internationale par étapes : 8 jours, 300km, 14000m D+. Elle traverse les Alpes depuis l’Allemagne jusqu’à l’Italie. Nous courrons en équipe avec mon mari. L’an dernier nous avions terminé 2ème après 8 jours de folie et un suspens incroyable jusqu’à la dernière étape. Cette année, nous aimerions faire au moins aussi bien ! Cette course est magnifique et difficile, c’est ce qui la rend attirante.
Sinon Caroline en dehors du sport c’est qui ? D’autres passions ?
Caro c’est avant tout une passionnée de la montagne… J’y pratique le sport, forcément, mais j’aime aussi prendre mon appareil photo et mon sac à dos pour saisir de belles lumières, immortaliser de belles ambiances… J’aime prendre le temps d’admirer le détail d’une fleur ou d’une paroi, assise sur un rocher. Ce sont des moments de calme et de réflexion indispensables pour prendre du recul sur les choses de la vie (oui oui ça m’arrive aussi de prendre le temps).
J’adore aussi la cuisine, même si depuis quelques années, je n’ai plus le temps de m’y atteler ! Pour moi, la cuisine, c’est la convivialité et les bons moments partagés avec les copains …
Si c’était à refaire, la même vie ou tu changerais quelques petites choses ?
Absolument rien… J’aime ma vie comme elle est et j’ai appris à ne rien regretter. Ma devise c’est « fais de ta vie un rêve et de ce rêve une réalité » et je crois que jusqu’à présent, j’y suis bien arrivée 😉
Si tu ne devais conserver qu’un seul souvenir, ce serait lequel ?
Impossible de ne conserver qu’un seul souvenir, il y en a tellement de beaux dans ma tête ! Le choix serait cornélien ! En tout cas, une chose est sûre, la trentaine c’est une des plus belles périodes de ma vie !
Je suis un génie (ok c’est de la fiction), je peux réaliser trois de tes souhaits. Lesquels ?
- M’offrir un immense chalet à Combloux au milieu des montagnes avec plein de chambres pour accueillir les copains,
- La certitude de ne plus jamais avoir mal aux genoux (oui j’ai quand même un problème dans ma vie, ce sont mes genoux qui sont foutus – chondropathie rotulienne qui me fait bien souffrir).
- Me trouver un dossard et une coéquipière sympa pour la Pierra Menta 2015. Ca c’est quand même super important ! Alors ?! faisable ou pas ?
Euh … Merci Caroline, à très bientôt sur les sentiers.
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