A l’origine, la course à pied, c’est assez simple. Une paire de running, un short et un maillot suffisent à faire de vous un coureur. Le terrain de jeu est immense et libre d’accès. Ici pas besoin de réserver un parcours ou d’avoir une carte de membre. Les sentiers, routes, chemins et parcs n’attendent que vous. Armés d’une motivation à toute épreuve, il ne vous reste plus qu’à empiler les kilomètres.
Oui mais voilà, à force de faire le tour du quartier, il vous prend l’envie irrépressible de découvrir de nouveaux horizons, de vous confronter aux autres, de tester votre niveau. [do action= »retour-a-la-ligne »/]
Une course ? Ca ne manque pas, vous commencez par vous inscrire à une épreuve proche de chez vous.
Le jour de la course, vous avez peut-être la sensation bizarre de ne pas être à votre place. Au point de vous demander ce que vous faites là. Vous vous retrouvez au milieu d’un peloton de runners tous plus équipés les uns que les autres. A côté, vous semblez débarquer d’un autre monde avec votre t-shirt en coton.
Insidieusement, vous débutez votre mutation. Vous commencez à passer vos pauses déjeuner au rayon running de votre magasin préféré. La course effrénée au toujours plus est en marche … Non pas que ça fasse courir plus vite, mais juste pour rentrer dans le moule.
Le runner est devenu connecté, gainé, compressé et dépensier … Certains tentent vainement de se rebeller, criant au scandale, refusant de se plier à la pression sociale, souvent pour se donner bonne conscience. Ils finissent toujours par rentrer dans le rang, pour peu qu’ils en soient sortis un jour. Engoncés dans leur panoplie dernier cri, ils ont l’air malin en s’insurgeant du coût prohibitif des équipements de running toujours plus chers.
Heureusement, il reste quelques irréductibles, au style un peu désuet, qu’on dirait tout droit sortis de retour vers le futur. Le non style assumé, revendiqué aux yeux de tous, que ça fait du bien. Les runners courent en pelotons, pas en troupeaux, du moins pas toujours.
La course du quartier, c’est bien, mais vient ensuite l’envie de courir ailleurs. Certaines courses mythiques en font rêver plus d’un. Mais voilà, au moment de passer à la caisse, c’est le branle-bas de combat ! Certains organisateurs ne sont pas des philanthropes. Ils semblent avoir bien retenu les principes de l’économie de marché. Le prix est fixé selon une règle simple, celle de l’offre et de la demande. Mais attention, les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel …
Tant que le coureur râleur paie, le système peut perdurer encore longtemps. Et si un jour il va voir ailleurs, un autre prendra sa place. Le vivier semble inépuisable …
On peut certainement parler d’une forme d’élitisation de la course à pied, mais chacun reste libre de pratiquer sa discipline comme il l’entend. Ce n’est en aucun cas inéluctable et courir reste un sport populaire et accessible pour peu qu’on ne cède pas en permanence aux sirènes du running business. L’offre, aujourd’hui très variée répond majoritairement à la demande des conso-runners, et cela même si ils souhaitent accrocher un dossard à plus de cinquante euros pour se rouler dans la boue !
Gardez l’essentiel, faites-vous plaisir, et oubliez le reste …
Crédit photo : Presidio of Monterey
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