Inconditionnel de course à pied, je ne suis pas pour autant sectaire et je ne compte plus le nombre de sports que j’ai eu la chance d’essayer depuis ma plus tendre enfance. Je vous propose donc de partir à la découverte d’un dérivé de la course nature, qui ne demande qu’à se faire connaître, le TrailBall !
Il y a quelques mois, j’ai décidé de me limiter au seul Running pour des raisons de disponibilité et parce que j’en avais assez de terminer mes week-ends aux urgences après la pratique d’un sport de contact. Néanmoins, s’il y a un sport qui me manque, c’est bien – préparez vos instruments pour me flageller – le football !
Eh oui, l’ambiance bon enfant de la course à pied ne comble pas totalement ce manque et ne remplace pas les joies de taper dans une baballe, de me ruer sur un adversaire crampons en avant, souvent au détriment d’un genou ou de ses pommettes, d’hurler sur mes partenaires, de me jeter par terre pour que l’arbitre signale une faute imaginaire ou faire des blagues de beauf dans les douches.
Le TrailBall, qu’est-ce que c’est ?
N’avez-vous jamais entendu les réfractaires de la course à pied lui reprocher de ne pas être assez ludique ?
Apparemment, quelques hurluberlus ont décidé de ne pas choisir entre le football et la course. En France, ils se réunissent dans les forêts ou des parcs de la région parisienne sous l’impulsion de Christian Harberts, qui s’est inspiré du rarahipa, jeu pratiqué par les Tarahumara, un peuple indien vivant au Mexique, pour créer le TrailBall.
Vous l’avez compris, il s’agit de course nature avec une balle. Autour du projet, se retrouvent des joyeux barefooters ou autres adeptes minimalistes.
Le jeu se décline en plusieurs disciplines, en mode course d’orientation (TrailBall Navigate), endurance (TraiBall Enduro), chronométré (TraiBall Speed), sans chrono (TraiBall Play), avec obstacles (TraiBall Trial) ou en marchant (TraiBall Zen). L’objet en commun à ces déclinaisons : une balle de 14,5cm de diamètre pour 200gr, en chanvre ou en PVC. Les disciplines peuvent se pratiquer en équipe ou en solo, elles peuvent se mixer entre elles. L’idée est d’adapter la partie à ses envies et au terrain.
Mon test du tralala
Pour mon premier essai, j’ai choisi de mixer les disciplines, en solo sur une course nature officielle du côté de Lille, avec des caractéristiques très variées : chemin de halage, sous-bois, herbe, pavés, route. 17km. Un faible dénivelé, cela valait mieux de toute façon pour une première expérience.
Avec l’appréhension et le manque de maîtrise balle au pied, je n’ai pas voulu changer mes habitudes, c’est pourquoi j’ai trahi l’idéal minimaliste au profit de ma sécurité et de mon confort : Asics Gel-Fuji Trabuco 3 aux pieds. Puis je me suis placé en dernière position du peloton juste devant les bénévoles à vélo chargés de fermer la course, afin de ne pas gêner les autres concurrents et éviter qu’ils ne se prennent la balle dans les pieds.
Les chemins étroits et la densité de coureurs en queue de peloton m’ont permis de me rôder tranquillement avec la balle avant de profiter des passages de bitume pour gagner quelques places.
Au niveau de la maîtrise et des sensations, le test a bien répondu à mes attentes. En effet, il a fallu que je gère de multiples paramètres. Hors de question d’envoyer de grandes frappes pour allonger la foulée ni de s’aider de la main. J’ai constamment cherché à faire de la conduite de balle même si en règle générale c’est elle qui décidait des trajectoires à suivre.
Ainsi, le plus délicat était de contrôler la balle dans les passages en sous-bois, pour éviter que la balle parte dans le fossé ou dans l’eau. Même difficulté sur les chemins pavés qui m’obligeaient constamment à aller récupérer la balle (au pied) dans les champs à cause des rebonds.
J’ai vite senti que mes mollets étaient plus sollicités que d’habitude avec les nombreux petits appuis. J’ai eu aussi quelques courbatures inhabituelles aux quadriceps les jours suivants.
La cerise sur le gâteau : les échanges suscités
La bonne surprise a été humaine. En effet, je n’imaginais pas qu’une simple balle modifierait les rapports avec les autres. Même si j’ai lu quelques craintes dans les yeux de certains qui avaient peur de s’emmêler les pinceaux avec ma balle, cela a été un prétexte pour engager des discussions pendant la course, ce qui n’est jamais déplaisant. Parents, enfants et bénévoles s’amusaient de me voir passer, si bien que je n’hésitais pas à leur faire des passes.
Je réussis à ne pas terminer dernier. J’avais peur d’être isolé derrière tout le monde et de ralentir la fin de l’épreuve. Je boucle ce 17km en 1h37’22, soit près de 10,5km/h (145e/172) avec la satisfaction de ne pas avoir touché la balle de la main.
Une superbe expérience que je renouvellerai volontiers, avec des chaussures plus typées minimalistes pour mieux apprécier le contact du pied avec le sol et la balle. Et pourquoi pas en équipe !