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La Saintélyon en relais, une véritable aventure collective

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Courir la Saintélyon en relais à 4, une expérience collective riche tant sur le plan humain que sportif. Une manière également de découvrir l’ambiance et l’esprit de la Saintélyon, une course vraiment pas ordinaire qui quoi qu’on en dise, suscite toujours des réactions. 

Une idée comme ça lancée à la cantonade à la fin d’un entrainement au club, après que quelqu’un m’ait dit qu’il s‘y inscrivait en solo. Combien de km ? Il y a du dénivelé ? C’est quand ? La nuit ? En plein hiver ? Le projet Saintélyon en relais était né, tout simplement.

L’équipe se constitue naturellement, deux hommes, deux femmes, la parité est respectée pour ce relais mixte. Le défi lancé, Il n’aura pas fallu beaucoup de temps à chacun pour se projeter et se partager les rôles.

Le tronçon de 12 km, correspond bien au profil de Marino. A l’origine, coureuse de 800m, il lui fallait du court, sans trop de dénivelé. Franck lui se chargera de conclure au petit matin. Marathonien confirmé, je me doutais de son choix. 22 km, très rapide, il ne tardera pas en route. Seb se positionne rapidement sur la troisième portion, qui lui correspond davantage  avec un bon dénivelé (600 D+ 1000D-). Quant à moi, je me charge du premier relais, 15km, route et chemins, 450 D+ 200D-, je suis ravie.

Quelques semaines, et quelques mails logistiques plus tard, nous y voilà. Vendredi soir, nous prenons la route direction Lyon. Je nous trouve très détendus et particulièrement enthousiastes, ça s’annonce bien… le but étant avant tout de nous faire plaisir. Franck a même fait des pizzas pour la soirée ; ça me rassure, je me dis que les régimes draconiens pré courses ne sont pas non plus dans leurs habitudes…

Apres une bonne nuit de sommeil, (on sait que la journée sera longue), nous commençons à nous imprégner davantage de la course. La halle Tony Garnier grouille de coureurs aussi préparés qu’impatients. Nous récupérons nos dossards, ou plutôt Notre dossard, notre puce, et les détails du parcours.

Il est temps de se préparer. Nous avons étudié le parcours, les distances, les dénivelés de chacun. Frontales rechargées, bonnets sur les oreilles, nous sommes prêts.

Pour suivre la course au plus près et vivre l’expérience collective jusqu’au bout, nous avons délaissé les navettes au profit d’un van qui nous permettra de suivre le relais toute la nuit pour encourager chaque coureur de l’équipe. Nous arrivons à St Etienne, il y a tant de monde. Certains attendent sur la ligne de départ depuis déjà plus d’une heure, emmitouflés dans leur couverture de survie.

Mes coéquipiers me laissent, je ne les reverrai qu’à Saint-Christo. Il fait si froid… j’ai rarement pris le départ d’une course dans ces conditions. Le stress de chacun est palpable, mélé à l’excitation d’être au départ d’une course mythique. J’arrive à me faire une place de souris devant… je ferai partie de la première vague de partants.

C’est parti pour une longue nuit

Ca part très très vite. Mais que font-ils tous ? ils savent pourtant que la course dure 72 km ! Je me laisse entrainer par la foule, mais je dois vite me raisonner au risque de ne pas tenir 16 km à cette allure.

7 km sur le bitume, à plat… Ca file rapidement, je suis contente, j’arrive à maintenir un bon rythme. Les 8,4km suivants ont été moins rapides ; dénivelé et sentiers à vaches, boue bien grasse, ou terre verglassée, auront eu raison de mon allure, mais les km défilent, sans se poser de question.

Je n’aurais jamais été seule sur ma portion, il y a énormément de monde. De loin, c’est un lacet lumineux que l’on voit cheminer, évoluer entre les collines. Mais pas le temps de s’attarder, les autres doivent m’attendre.

Panneau Saint-Christo, je me sens bien, j’accélère un peu, le ravitaillement est proche. Mais comment se passe le relais ? J’ai peur de louper mes coéquipiers. En fait notre dossard est repéré suffisamment tôt par des organisateurs pour nous orienter vers une zone spéciale qui permet d’échanger la puce avec le prochain relayeur. Marino est là, semble bien concentrée, rassurée aussi de me voir ; une bise et c’est déjà fini pour moi.

Franck m’appelle, il faut déjà repartir, Marino n’en a pas pour longtemps avec son relais. C’est passé si vite… Franck et seb m’expliquent qu’ils ont bien failli ne pas être là à temps. Il s’avère que c’est un peu galère pour trouver une place et ils se sont paumés sur le trajet en prenant les petites routes.

On file vers Sainte-Catherine. Seb commence à s’échauffer, on a du temps mais il fait froid et malgré l’excitation de la course, la fatigue se ressent pour chacun d’entre nous. Marino arrive fraiche et ravie, Seb prend le départ, nous filons vers le prochain relais du côté de Soucieu en Jarrest.

La portion est plus longue pour Seb, mais le suivi sur live trail nous indique un temps de passage hyper rapide au pointage intermédiaire ! Il se donne à fond ! Soucieu est un gros point de ravitaillement pour la course, mais c’est aussi le lieu que les coureurs solos choisissent pour abandonner quand ils sont au bout de leurs forces. Couvertures de survie sur le dos, beaucoup attendent une navette pour regagner Lyon.

Franck s’échauffe, pas le choix, le froid est saisissant, nous sommes tous contractés et emmitouflés, la fatique aidant. Seb arrive ; il est allé vite, très vite, mais il est crevé, pas moyen pour lui de s’alimenter ou de boire sur la course, 24km au lieu de 23, c’est vache… Mais il finit par récupérer tranquillement et se réchauffer.

Franck a pris le départ depuis 15 min déjà , on doit y aller. Un pointage intermédiaire nous indique qu’il est annoncé à la halle Tony Garnier à 6h00. On n’y sera jamais ! En regagnant Lyon, on apercoit au loin un interminable lacet lumineux. Notre course à nous se termine, certains en ont encore pour des heures, il fait moins trois degrés.

6h03, Franck franchit la ligne d’arrivée, on a à peine eu le temps de se garer. Il est ému, nous aussi ; je me dis presque qu’on n’en a pas assez profité… Beaucoup de relais franchissent la ligne, le premier solo est arrivé depuis pas mal de temps déjà.

La halle Tony Garnier est habitée par une toute autre ambiance que toute à l’heure, c’est étrange au petit matin. Chaque franchissement de la ligne d’arrivée nous livre son lot d’émotion, chaque coureur étant attendu par ses supporters impatients et excités.

On a tous notre course en tête, et aussi différente qu’elle ait été pour chacun, elle aura eu en commun cet indispensable esprit d’équipe dont on s’était imprégné depuis quelques mois déjà… Une expérience collective qui en appelle d’autres, nous avons déjà très envie de retenter l’aventure sur un Ekiden, pour vivre une nouvelle fois l’émotion et le plaisir que peuvent procurer la course en relais.

Anne

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