On l’a laissé sur deux années très compliquées, marquées par les blessures et les soucis de santé. On le retrouve requinqué et plus motivé que jamais. Et très franchement ça fait du bien !
-Bonjour Sébastien, On se souvient que l’année 2014 a été difficile pour toi (déshydratation, mononucléose, …), tu attendais beaucoup de 2015 qui n’a finalement pas été meilleure…
-Eh non, j’avais pourtant repris correctement en début d’année sans dénivelé jusqu’en avril. Et là, à l’entraînement j’ai glissé et en m’accrochant à un arbre, un morceau de branche s’est glissé entre mes côtes. Je suis allé aux urgences, et en suis finalement ressorti avec ‘’seulement’’ une fracture d’une côte. J’ai repris l’entrainement avant de me faire diagnostiquer un pneumothorax. Bref, j’ai repris difficilement en juin, j’ai fait 10ème au 80km du Mont-Blanc en voulant finir coûte que coûte.
Ensuite j’ai préparé l’UTMB, j’ai eu des jambes exceptionnelles… Sauf le jour de la course ! Je pense que je me suis mis une pression énorme et je l’ai payé, j’ai arrêté au 50ème km complètement vidé. Là je me suis dit qu’il fallait que je travaille certaines choses. J’ai donc commencé à travailler avec une amie sophrologue et réflexologue.
-On imagine que dans une période de galères aussi longue, on doit douter, se poser des questions…
-Oui mais c’est finalement un mal pour un bien. Cet arrêt forcé a été embêtant, c’est vrai que j’aurais aimé continuer sur la lancée de ma saison 2013 exceptionnelle, mais on le voit bien aujourd’hui : on peut être performant sur trois, quatre courses sur la même saison mais derrière… Il faut gérer la suite et c’est très vite compliqué. Avec le niveau requis pour être devant aujourd’hui, il faut vraiment sélectionner quelques objectifs bien ciblés et s’accorder de vraies belles plages de récupération pour que les cellules se régénèrent complètement. Et que la tête s’oxygène, aussi.
-Et comment vas-tu aujourd’hui ?
-Bien ! Je me prépare, aussi bien mentalement que physiquement. Je me fais vraiment plaisir, sur la piste comme en montagne. Je fais aussi beaucoup de ski. J’appréhende assez sereinement l’arrivée de la Transgrancanaria (1er week-end de mars). Mon objectif c’est d’aller au bout, de prendre du plaisir tout le long, et le résultat ne sera qu’une conséquence de cette bonne gestion.
-Quelle est ton programme pour 2016, après la Transgrancanaria ?
-Je table sur trois courses du coup. Les canaries donc, puis je me préparerai pour être au mieux sur le 80km du Mont Blanc. J’aurais aimé faire la Hardrock mais je n’ai pas été tiré au sort, j’ai été recalé, comme plein de coureurs anonymes, c’est le jeu. D’ailleurs je ne peux pas non plus participer à l’UTMB, puisque je n’ai plus les points nécessaires.
Donc pour moi ce sera l’Ultra Trail du Mont Fuji au Japon fin septembre. Et puis je pense que pour préparer ces épreuves, en début de saison je vais me laisser facilement tenter par des courses de 30 ou 40 bornes, près de chez moi, parce que c’est stimulant, ça m’amuse, et c’est un effort vraiment différent sur lequel je reprends du plaisir comme un cadet.
-On l’a dit tu sors de deux années compliquées, tu es l’un des rares coureurs sur le circuit à vivre exclusivement de ta passion… Est-ce que ça te met une pression supplémentaire pour avoir des résultats cette saison si tu veux continuer à être pro ?
– Oui et non je dirais. Les deux dernières années ont été un moment critique mais ce que les gens n’arrivent pas à comprendre, c’est que les résultats sont importants, certes, parce que ça permet aux marques de communiquer. Mais c’est peut-être 25% du job seulement, le reste c’est la communication et la capacité à échanger avec les autres.
En plus de cela, avec chacun de mes partenaires je fais un vrai travail –et je dis bien travail- de développement de leurs produits. Et tout cela c’est plus important que les résultats pour les marques, afin qu’elles continuent à se développer.
En fait je pourrais me dire ‘’je n’ai plus trop de résultats, je vais perdre des partenariats’’, mais finalement j’ai simplement modifié certains contrats. North Face par exemple n’est plus mon sponsor principal, mais reste tout de même l’un de mes sponsors, et je développe en ce moment leur future collection.
Et j’ai même de nouvelles sollicitations alors que je sors de deux années compliquées. Affaire à suivre !