Quelles sont belles les images des trails blancs qu’on voit actuellement tourner un peu partout ! Montagnes enneigées, maisons recouvertes de leur manteau blanc, chemins poudreux… un vrai décor de carte postale. Mais au delà de ces images idylliques, quelques précautions sont à prendre pour ne pas transformer cette belle odyssée en cauchemar.
Voici donc quelques conseils, fruit de l’expérience que j’ai pu acquérir en participant à de nombreux trails blancs, et qui vous permettront, je l’espère, d’appréhender ce type de course dans les meilleures conditions.
Le trajet
Si vous n’avez pas la chance d’être sur place et que vous montez vers le départ le matin de la course, n’oubliez pas de consulter la météo, et de vous enquérir de l’état des routes. Si vous n’êtes pas équipé de pneus neige, essayez-vous au montage des chaînes pour occuper votre samedi après-midi ! Une fois que vous saurez les monter tranquillement au sec, sur le parking, il vous sera plus facile de le faire avec la pression de l’heure, au milieu de la route et dans le froid…
Dans tous les cas : prévoyez donc un délai supplémentaire pour la route, mieux vaut avoir le temps de savourer un petit café sur place que de louper le départ !
Les chaussures
Inutile de dire qu’il faut privilégier un modèle trail avec de bons crampons pour une meilleure accroche, mais certains accessoires peuvent vous faciliter la course, et surtout vous éviter une mauvaise chute !
- les Yacktrack : système le plus connu et peu onéreux. Un réseau de bandes caoutchoutées entourées d’un fil métallique se fixe sur la chaussure et vous assure un bon trip, même sur les plaques de verglas. Inconvénient : comme il est élastique, il ne reste pas en place, et il n’est pas rare de voir des coureurs arrêtés pour le repositionner. Optez si vous le pouvez pour le modèle run plus stable.
- les EasyShoes : autre système qui se rajoute à vos chaussures, cette fois c’est un réseau de cordelettes qui entoure votre chaussure et assure un trip efficace. Une fois en place, ça ne bouge plus. Inconvénient : elles sont plus lourdes que les Yacktrack.
- les spikes : ou chaussures à pointes : Speed Cross Spike, Inov-8 O-Roc… plusieurs modèles sont disponibles. Toutefois l’investissement n’est valable que si vous comptez courir plusieurs trails blancs. Avantage : même sur la glace l’accroche est optimum, et sans surpoids. Par contre si le trail comporte des passages sur la route ce n’est pas très confortable.
Les vêtements
Les chaussettes étanches peuvent vous permettre de garder les pieds au chaud. Des guêtres éviteront que la neige rentre dans vos chaussures, ce qui limitera l’humidité et le refroidissement.
Le collant long est souvent obligatoire dans le règlement, mais certains veulent tout de même profiter du moindre rayon de soleil sur leurs mollets ! Attention, la neige peut se révéler abrasive, et en cas de chute, vous serez content d’avoir une protection.
Pour le haut, mieux vaut prévoir le classique 3 couches :
- une couche près du corps, qui évacue la transpiration, et que vous pourrez porter seule si les conditions météo sont bonnes
- une couche chaude, toujours utile car il peut vite faire froid
- une couche imperméable, car qui dit trail blanc, dit hiver. Il n’est donc pas rare qu’il neige, pleuve ou vente sur les hauteurs en cette période.
N’oubliez pas non plus une paire de gants adaptée (les extrémités sont les premières à souffrir du froid), un bonnet, une casquette, ou un bandeau, pour protéger la tête et les oreilles, et le tour de cou multiusage.
Si le ciel est découvert, prenez une bonne paire de lunettes de soleil pour préserver vos yeux (une forte luminosité sur neige peut créer des lésions, tout comme le froid), certains optent même pour des verres transparents pour protéger leurs yeux du froid.
Ne vous fiez pas au soleil au départ d’une course, la température chute rapidement dès lors qu’on prend de l’altitude. Le vent peut également vite refroidir les coureurs, d’autant qu’ils sont trempés de sueur et seront du coup plus sensibles à une baisse de la température. Si vous vous retrouvez à l’arrêt, vous serez bien content d’avoir une couche chaude supplémentaire dans le sac, en plus de votre couverture de survie.
L’hydratation
Même si on ressent moins la soif avec le froid, l’hydratation n’est pas un paramètre à négliger. Mieux vaut partir avec trop d’eau que pas assez. Même si la distance à parcourir vous semble raisonnable, et le dénivelé modéré, l’effort à fournir en fonction du type de neige vous fera rapidement transpirer, et les ravitaillements vous sembleront bien plus loin qu’annoncés.
Ne soyez donc pas radin, prenez une bonne quantité d’eau et par la même occasion de quoi vous alimenter pour pallier à tout « coup de mou » pendant la course.
La neige
Element indispensable des trails blancs, elle peut sérieusement en compliquer le parcours et faire chuter la vitesse !
Dure voir glacée : elle offrira le meilleur rendement aux coureurs, mais gare aux glissades et à la chute.
Damée et souple : un vrai bonheur à courir, elle permettra des appuis souples et relativement bons, mais diminuera la vitesse en absorbant l’énergie.
Croutée : début de la galère, elle cèdera (ou pas) sous vos pas, la trace est tassée de façon irrégulière, et les appuis sont fragiles. Il faut donc être vigilant à la pose de pied, et mieux vaut ne pas regarder la vitesse…
Poudreuse : très ludique, surtout en descente (mode la petite maison dans la prairie) mais épuisante, les appuis sont difficiles (on brasse). L’effort est intense pour une vitesse digne d’un escargot Mieux vaut alors ralentir et assurer les appuis, que de multiplier les chutes. Même si finalement il y a peu de risques de se faire mal dans la peuf !
Les passages trappeurs : terminologie qui désigne un sentier tout juste damé à la raquette, s’il n’a pas neigé dessus ! Les premiers se chargeront alors de faire la trace pour les suivants. Cela donne de sympathiques petits singles tracés dans 40 à 50 cm de poudreuse.
Place à la courtoisie en se serrant dans la poudreuse pour laisser passer, en espérant que ceux de devant en fassent autant pour vous ! Sinon, il vous faudra fournir en effort conséquent, en brassant dans la peuf, pour dépasser… Mieux vaut parfois prendre son mal en patience et se « refaire la cerise », en attendant de meilleures conditions pour lacher les chevaux.
L’échauffement
Comme vous venez de le voir, vos jambes vont être soumises à rude épreuve. En plus du classique échauffement, veillez donc à bien assouplir vos articulations, en faisant des étirements dynamiques qui prépareront vos muscles et tendons à l’effort qu’ils vont devoir fournir. En effet, les appuis précaires vont davantage faire travailler les muscles stabilisateurs des jambes, tout en sollicitant votre gainage.
Mouvements balistiques, rotation des articulations, étirements, squats, pas chassés, fentes… seront les meilleurs amis d’une course réussie.
Après la course
Prévoyez dans votre sac des affaires sèches, et essayez de vous changer rapidement pour éviter de vous refroidir. En fonction des prestations proposées, prévoyez également de quoi vous hydrater et vous ravitailler. La dépense énergétique occasionnée par la course est importante, il faut donc rapidement reconstituer vos réserves.
A vous de jouer
Les trails blancs peuvent être vraiment magiques à condition de bien préparer votre course ! Cela commence en amont par une bonne préparation physique (surtout si vous voulez briller). Ne vous fixez pas un objectif trop ambitieux, les conditions de neige peuvent sérieusement réduire votre allure. Sachez que vous risquez d’avoir des passages difficiles, préparez vous à les affronter.
La réussite passe aussi par une bonne logistique : prévoyez un délai suffisant pour ne pas arriver stressé sur place, prenez aussi le temps de vous échauffer convenablement. Une tenue et des chaussures adaptées, une bonne hydratation, et une alimentation suffisante vous assureront de passer une course confortable !
Enfin levez le nez, profitez de la course, des sensations, des paysages et ne regardez pas votre montre ! Et surtout retrouvez votre âme d’enfant en courant dans la neige !
Have fun !