« Allez ! L’année prochaine on fait les 32km » … C’est marrant comme une phrase lancée par mon compagnon un an auparavant peut faire évoluer notre quotidien pendant plusieurs mois.
Les gendarmes et les voleurs c’est « chez nous », avec un départ donné dans notre commune, au sein même du centre équestre dans lequel je monte depuis toute petite, le terrain de jeu est plus que familial. Alors, c’est l’occasion ou jamais ; après un peu plus d’un an de reprise de la course à pied, nous voilà sur la ligne de départ avec mon compagnon. Les données sont celles-ci : 5 mois de préparation dont trois trails de 9km, 15km et 25km mais avec un dénivelé toujours inférieur à 450m (vous les voyez venir les crampes là ???).
Il est 8h00 : un parachutiste dans les airs, un coup de feu retenti, des gendarmes-cavaliers au galop, et des centaines de « voleurs » lancés à leurs trousses … le 58km du Grand Trail du Limousin est parti. Nous restons un peu pantois et plein d’admiration au bord de la rubalise à essayer de repérer quelques visages connus pour les encourager.
Le départ plein d’émotion
Quelques minutes plus tard il faut aller s’échauffer, on garde les vestes et on part pour 5 min de footing … 32 km c’est long on s’échauffera pendant (ah ah vous les voyez encore venir là les crampes ?). Retour vers nos familles, quelle chance immense de les avoir près de nous pour ce premier véritable objectif trail ! On donne les vestes, il fait déjà chaud sur le site de Muret, on fait des bisous, on ne s’étire pas (ah ah rigolez toujours) et on trottine vers la ligne de départ.
8h30 : Coup de pistolet, départ … on y est ! On passe la ligne dans un bon rythme, avec le sourire, tout en faisant attention aux chevilles dans ce grand pré habituellement occupé par des chevaux. Une petite boucle d’1 km et déjà nous entendons des « allez Marion, allez Eddy » de nos familles, puis de mes copines, je ne m’attendais pas à les voir avant l’arrivée je suis vraiment touchée… Emotion, émotion, non allez il faut se ressaisir, cette fois c’est parti.
Km5 : Nous repassons sous l’arche après une boucle de 5km réalisée en 27’50, pile dans l’objectif qui était le notre : partir un peu au dessus de notre rythme de croisière pour profiter du terrain roulant et éviter les bouchons !
Km 6 : Première véritable côte, on la connait, on la grimpe souvent à l’entrainement ce qui ne la rend pas moins difficile d’ailleurs. Très vite on adopte un mode marche/course, il faut rester frais la route est longue. Eddy est très en forme, moi un peu moins mais je ne m’inquiète pas, il m’encourage et je suis un diesel donc ça viendra.
Km 10 : Premier ravitaillement, tout va bien, on est descendu sur un très bon rythme, nous voyons nos parents, un sourire, un pouce en l’air et on repart … pour trois « petites » côtes qui nous mèneront jusqu’au point culminant du parcours. Je suis enfin dans ma course.
Km 15 : Passage au lieu dit « le Mogot », nos parents nous disent que « nous sommes bien », et je réalise que nous sommes très en avance sur le temps prévu. Effectivement nous sommes partis sur des bases de 3h40, ce qui nous motive énormément.
Km 16 : Ca grimpe encore. Je vois le visage de mon amoureux qui se raidit, il se tient le dessus du genou, il me dit que tout va bien et de ne pas m’inquiéter.
Km 20 : Arrivés au 2ème ravitaillement, les copines sont là « allez allez hein vous lâchez rien c’est bien », trop chouettes mes copines, je me retourne Eddy est derrière moi et s’étire les quadriceps, nous venons de terminer une longue descente qui a dû pas mal traumatiser nos muscles. Les spectateurs sont nombreux dans ce petit village et nous font oublier les premières raideurs musculaires. Nous repartons galvanisés par les encouragements et les mains tendus des enfants. On sait que ça va monter et que ça va être long.
Les choses se compliquent
Quelques kilomètres plus loin la progression devient très difficile, les contractures sont devenues crampes pour Eddy, son visage est fermé mais déterminé. Nous continuons à saluer les bénévoles de bon cœur, tout en espérant que les crampes finiront par disparaitre. Peu à peu la moindre montée se révèle très compliquée à gérer, mes muscles sont très raides et m’obligent à ralentir et les crampes d’Eddy ne passent pas malgré les multiples étirements. Il n’est d’ailleurs pas le seul et nous plaisantons avec nos compagnons de galère alors que nous traversons de superbes paysages forestiers. La motivation est bien là par contre, à aucun moment elle ne nous lâchera et nous essayons d’en profiter au mieux.
Km 27 : Au cœur de la dernière grosse côte une personne crie « Allez, il reste 45 minutes pour faire 4,5 kilomètres et finir sous les 4h ». AH BON ? je suis sur-motivée par cette phrase et heureuse de l’entendre.
Parlons-en de l’objectif …. Finir avant tout, il faut savoir rester humble, en moins de 4h15 ce serait bien, et en moins de 4h ce serait super. Je suis bien à ce moment là, probablement pleine d’endorphines, mais à aucun moment je ne pense à laisser Eddy seul avec ses douleurs musculaires, nous sommes inséparables dans la vie, dans les bonheurs et les difficultés.
Kms 28 – 32 : Nous alternons entre allure très correcte, notamment dans la descente caillouteuse et pentue de « Trasforêt », et étirements dus aux crampes, c’est vraiment rageant, je m’en veux, il y a forcément quelque chose qui cloche dans les entrainements que je programme, mais plus le temps de cogiter …
Dernière côte puis les célèbres marches, ma belle famille, mes copines sont là, mais je n’arrive plus vraiment à sourire, mon cerveau est maintenant sur off, je veux juste finir. Cependant, les spectateurs sont nombreux et c’est génial d’entendre tous ces encouragements et félicitations. Je regarde enfin ma montre … 3h49 … on va y arriver, on va passer sous ces 4h malgré cette course rendue très difficile par les douleurs musculaires !
Dernière ligne droite
Nous nous prenons la main et courons les 3 dernières minutes comme cela, l’émotion est grande, derniers 100m, coucou à ma maman, tape dans la main de mon papa puis la ligne d’arrivée est franchie en 3h52. Un bisou plein d’émotion, quelques instants pour reprendre nos esprits, une assiette en porcelaine (cadeau des finishers !) et on retrouve toute notre famille et nos amis … Inondation de bonheur.
49 SEF / 112 , mais les chiffres n’ont pas beaucoup d’importance à côté de ce que nous avons vécu : un trail formidable, une organisation au top, des sentiers variés, très peu de route, une superbe ambiance et la chance d’être si bien entourés.
Nous n’avons aujourd’hui qu’une seule hâte : celle de repartir sur un deuxième grand objectif (puis un troisième, puis un quatrième …). Désormais entrainée par Jérémy Pignard, membre du Team UR et athlète de haut niveau que nous admirons profondément, je suis entre de bonnes mains pour envisager quelques belles échéances et m’épanouir un peu plus dans cette discipline.
Marion WM
Team UR