L’organisation d’un trail nécessite de décrocher des autorisations, une démarche normale qui pourtant peut vite se transformer en cauchemar. Modifications de parcours, annulations, négociations, la vie des organisateurs n’est pas vraiment de tout repos.
Dernière victime en date, le trail de la Belle à Lure, qui s’est vu refuser le passage sur les magnifiques crêtes de la montagne de Lure. Le petit hameau de Lauge au cœur de la vallée du Jabron, 33 habitants à l’année et 60 bénévoles venus des environs se préparent pourtant à accueillir un peu plus de 200 coureurs dans un cadre préservé et une ambiance chaleureuse.
La 6ème édition aura bien lieu, mais cette année les concurrents qui d’ordinaire venaient s’illustrer sur le 45 km devront se contenter du 21 et du 11 km. Jean Philippe Martinod, l’organisateur revient sur les raisons qui ont abouti à cette décision : « Suivant l’arrêté préfectoral délivré le mois dernier, 1/3 du parcours devait être modifié sur avis du service environnement de la Direction Départementale des territoires. »
Cette décision est motivée par le fait que les crêtes de Lure accueillent une zone de protection d’une espèce en voie de disparition : la vipère d’Orsini. En 2014, après négociation avec ces mêmes services de la DDT, le parcours avait déjà subi une légère modification pour éviter la zone en question, mais sans commune mesure avec les recommandations faites cette année.
L’organisateur du trail de la Belle à Lure comprend très bien qu’il faille protéger cette espèce dont 70 à 80 % des spécimens recensés dans le monde vivent et se reproduisent à cet endroit là. Mais les modifications imposées cette année restent difficiles à accepter : « Nous avons des comptes à rendre, en particulier au conseil général PACA qui nous finance dans le cadre d’un programme d’aménagement et de développement durable avec comme objectif de valoriser le territoire de la vallée du Jabron. Or le nouveau parcours imposait de perdre une partie de l’identité même de notre épreuve, loin des territoires de la vallée du Jabron. »
Après discussion avec les bénévoles et en concertation avec les coureurs déjà inscrits à l’épreuve, il a donc été décidé de ne pas maintenir la course sur ce parcours modifié qui ne convenait finalement à personne.
Jean Philippe Martinot semble résigné : « Les crêtes de Lure seront de plus en plus inabordables pour organiser des courses chronométrées.» Pourtant chaque jour, de nombreux randonneurs, souvent inconscients d’être dans une zone protégée, empruntent ces mêmes sentiers sans que cela ne semble poser un quelconque souci.
Certaines contraintes environnementales non règlementaires deviennent vraiment très compliquées à affronter pour les organisateurs de courses. Sous couvert de vouloir préserver l’environnement, doit-on nécessairement passer par une stricte interdiction d’accès aux territoires à protéger ? La question est posée !
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