Descendre sous la barre symbolique des deux heures au marathon, voilà la nouvelle lubie des équipementiers qui à grand renfort de marketing nous rejouent un mauvais remake de la conquête de l’espace.
Le petit monde du running s’agite à l’idée qu’un mec puisse couvrir la distance de 42,195 km en moins de 2 heures, il paraît même que certains se font dessus dans leur joli collant de compression en rêvant à l’exploit ! Voilà donc la nouvelle lubie du moment qui alimente tout le Landerneau runnistique. Mais quelle tristesse ! Allez, soyons sérieux, il faut se réveiller maintenant.
Un grand coup marketing
Tout ça n’est qu’un nouveau concept fumeux tout droit sorti de l’imagination de quelques publicitaires cocaïnés qui se sont réveillés un matin pensant révolutionner la course à pied. L’objectif ? Faire parler de la marque en question bien sûr, tout en faisant vendre toujours plus de chaussures de running à des coureurs qui peinent parfois à courir simplement 5 kilomètres. N’y voyez rien de condescendant, la comparaison s’arrête là. Mais après tout, ils auraient tort de s’en priver, eux sont là pour vendre, et nous pour acheter, la vie est ainsi faite !
Si en vez de un coche ponen un camion con el crono un poco más cerca quizas lo consigan. #breaking2 https://t.co/9W5Qj7JWR3 pic.twitter.com/09t5bIkuxV
— Jaime M de Luarca (@Triluarca) 9 mars 2017
Mais établir une nouvelle marque mondiale de référence sur la distance du marathon, quand bien même ce soit à l’aspiration d’une Tesla tournant sur un circuit de Formule 1 (Monza en l’occurrence) nous semble aujourd’hui tellement surréaliste, voire inadapté.
Désolé, on ne marche pas, où est la part de rêve dans cette histoire ? Sans parler des nouvelles chaussures profilées avec plaque de carbone pour décupler l’énergie renvoyée… Bienvenue dans une nouvelle ère, celle du dopage technologique.
È in corso a @Autodromo_Monza #test #breaking2 per #correre la maratone in – di 2 ore. Grande vento @runnersworldITA @Nike @NikeRunning_IT pic.twitter.com/3LnkBOXF2R
— Rosario Palazzolo (@rossrunners) 7 mars 2017
On se souvient alors avec émotion de la victoire d’Abebe Bikila aux Jeux de 1960. Le coureur aux pieds nus, qui à l’époque établissait pourtant une nouvelle meilleure performance mondiale de tous les temps en 2h15’16’’. Ok, on est loin des 2 heures visées aujourd’hui, mais pour une fois, on aurait presque envie de dire que c’était mieux avant, quitte à passer pour des vieux grincheux.
Un projet qui soulève des questions
A l’heure où les chantres de la bien-pensance n’ont de cesse de combattre – à juste titre- toutes les formes de dopage qui gangrènent le sport de haut-niveau, à l’heure où certains équipementiers se détournent des athlètes et du haut niveau pour une poignée de followers sur Instagram, il est décidément difficile de rêver face à une telle entreprise.
Une performance qui à ce jour reste plus qu’hypothétique et qui même en devenant réalité n’aurait jamais la saveur d’une victoire acquise sur le bitume d’une grande capitale mondiale. Car au-delà d’une distance, le marathon est une fête populaire, une course en ligne qui rassemble pour le plus grand plaisir de chacun, et ce, quel que soit son niveau.
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